Guerre en Ukraine : l'impact énergétique ne favorise pas la transition des Balkans, un des endroits les plus pollués de la Terre
Depuis la guerre en Ukraine et la crise énergétique, l'Europe doit opérer sa transition énergétique tout en soignant le portefeuille des consommateurs. Un défi difficile à relever pour les gouvernements qui doivent composer avec les oppositions politiques et les ressources internes qui favorisent certains types d'énergie.
En Espagne comme en France, des boucliers anti crise peinent à prendre fin et l'arrêt de certaines exonérations est vécu comme des hausses d'impôts injustes en ces temps d'inflation. Pendant ce temps, les pays où l'électricité est la moins chère d'Europe, paient un lourd tribut en matière de pollution. Les capitales des pays des Balkans font partie des villes les plus polluées de la planète et dépassent souvent les grandes métropoles chinoises ou indiennes.
L'Espagne met fin aux réductions d’impôts sur l’électricité et le gaz
En Espagne, une partie du dispositif anti-crise va être prolongée pendant au moins six mois, notamment pour les denrées alimentaires et les transports publics. Ce ne sera pas le cas pour les baisses d’impôts sur l’électricité et le gaz. Ces dispositions vont progressivement disparaître en 2024, "compte tenu de la baisse progressive des prix de l’énergie, qui s’opère heureusement depuis un an", a dit le chef de l’exécutif espagnol, Pedro Sánchez, fin décembre 2023. Le gouvernement espagnol souhaite garantir la justice sociale, mais il veut ramener le déficit public de l’Espagne à 3%, en 2024.
Les consommateurs espagnols vont donc voir grimper leurs factures de gaz et d’électricité. Même s'ils savaient que la mesure était temporaire, ils redoutent ce retour à la normale en pleine période hivernale. Le principal parti de l’opposition, le Parti populaire, a critiqué ces hausses d’impôts, de même que certaines associations de consommateurs qui réclament le maintien de la TVA sur l’électricité à 5% de façon définitive afin de protéger les ménages espagnols.
Dans les Balkans, des pics de pollution chaque hiver
Il y a un endroit en Europe où les prix de l’électricité n’atteignent pas encore les sommets, ce sont les Balkans. Dans les différents classements qui comparent les tarifs de l’électricité, on retrouve presque tous les pays de la région parmi les moins chers du continent. Selon les dernières données d’Eurostat, le prix au kilowattheure y est deux, voire plus de trois fois inférieur à celui de la moyenne des 27 pays de l’Union européenne. En Bosnie-Herzégovine et en Serbie, le kilowattheure tourne ainsi autour de 9 centimes d’euros, contre 23 centimes en France. C’est le Kosovo qui remporte la palme de l’électricité la moins chère d’Europe avec un kilowattheure à seulement 6,7 centimes.
Au Kosovo, les tarifs de l’électricité sont subventionnés pour les ménages et le salaire moyen au Kosovo est de 450 € à peine. Mais cette électricité bon marché est toutefois loin d’être garantie : en 2023, en pleine crise de l’énergie liée aux tensions internationales, le pays a dû importer jusqu’à 40 % de son électricité. Les autorités ont été contraintes d’imposer des coupures quotidiennes, et elles ont également doublé les prix pour les plus gros consommateurs.
Mais cette électricité est loin d’être verte. Dans les pays de la région, la grande majorité de l’électricité est encore produite à partir de centrales électriques construites dans les années 60 et 70, à l’époque de la Yougoslavie socialiste. Ces centrales vétustes utilisent le lignite, un charbon de qualité médiocre, extrêmement polluant. En conséquence, chaque hiver, Sarajevo, Belgrade ou Pristina connaissent des pics de pollution et font partie des villes les plus polluées de la planète. Elles dépassent souvent les grandes métropoles chinoises et indiennes.
Des accords difficiles à respecter pour entrer dans l'UE
D’après les études de différentes ONG, les 16 centrales au charbon de la région rejetteraient autant de dioxyde de soufre que les 250 centrales du reste de l’Europe. L’Agence européenne de l’environnement estime que cette pollution de l’air serait responsable de plus de 30 000 décès prématurés par an.
Les pays des Balkans occidentaux, tous candidats à l’Union européenne, ont signé les accords internationaux et se sont engagés à réduire leurs émissions. Mais pour l’instant, la transition vers des énergies plus vertes a bien du mal à s’enclencher. En plus, dans le contexte actuel de guerres et de tensions sur le marché de l’énergie, les gouvernements de la région ne veulent pas renoncer à cette électricité peu chère, d’autant plus que la plupart des pays disposent d’importantes réserves minières. Le sous-sol du Kosovo abrite par exemple le 5e gisement mondial de lignite.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.