Environnement : des efforts inégaux pour lutter contre la déforestation, selon un rapport publié par plusieurs ONG
En 2022, la déforestation mondiale a continué de progressé et a atteint 6,6 millions d'hectares dans le monde, selon un rapport de l'ONG Forest Declaration Assessment (lien en anglais). Cette augmentation met grandement en péril les objectifs signés il y a deux ans par une centaine de pays, qui espéraient éliminer la déforestation d'ici 2030. Mais face à ce résultat mondial, il y a des situations très diverses.
En RDC, "des forêts vides d'animaux"
La République démocratique du Congo abrite une partie de la forêt équatoriale du bassin du Congo, qui s'étend sur 3,7 millions de km2, au cœur du continent africain. Selon WWF, elle abrite près de 10 000 espèces de plantes, 400 espèces de mammifères ou encore 1 000 espèces d’oiseaux. Désormais premier poumon de la planète, son avenir est en ce moment en discussion à Brazzaville, en République du Congo, au Sommet des trois bassins.
La RDC compte parmi les pays les moins développés au monde. L'activité humaine du pays n'a donc pas une grande incidence sur la dégradation de la forêt, malgré le très fort taux de natalité. Le photographe Gwenn Dubourthoumieu a été surpris de l'état de la forêt, lors d'un récent voyage de dix semaines en RDC. "Ce qui nous a frappés, ce n’est pas tant de voir une forêt qui a disparu, mais c’est plutôt de voir une forêt dégradée. C'est à dire une forêt vide d'animaux, où la quasi-totalité des grands mammifères a disparu, explique-t-il. Parfois on a des forêts silencieuses et grignotées par la population pour faire de l’agriculture sur brûlis ou encore du makala, donc du charbon de bois."
Des mesures pour préserver la forêt équatoriale
Chaque année, la forêt équatoriale perd près de 500 000 hectares de son couvert forestier et c'est pourquoi de nombreux pays, dont la France sont actuellement penchés sur le sujet. Plusieurs projets sont en cours d'élaboration mais l'écrivain Guillaume Jan regrette que ce ne soit pas suffisant. "Il n'y a pas d'initiative étatique, seulement des initiatives d'ONG, mais elles sont très localisées et rarement sur le long terme", explique-t-il.
Le président congolais Félix Tshisekedi en a fait un sujet éminemment politique et la RDC, présentée comme un "pays solution" a trouvé là le moyen de faire entrer de l’argent dans les caisses de l’État, notamment avec des crédits carbone. En effet, une autre menace pèse sur la forêt du bassin du Congo puisque certains blocs pétroliers se trouvent en son cœur et pourraient intéresser certains exploitants.
La Malaisie, bonne élève contre la déforestation
Si l'on en croit le rapport de Forest Declaration Assessment, la Malaisie fait partie des trois pays qui ont atteint leurs objectifs de limitation de la déforestation. Kuala Lumpur serait ainsi en bonne voie pour atteindre les objectifs forestiers de 2030. Cette avancée en matière de conservation peut notamment s'expliquer par l'application des lois et les investissements du gouvernement dans les institutions.
La Malaisie s'est également engagée politiquement en faveur de la NDPE (No Deforestation, No Peat and No Exploitation) soit "Pas de Déforestation, Pas de Tourbe et Pas d'Exploitation" en français. Comme son nom l’indique, la mesure interdit la nouvelle déforestation et le développement de tourbières. Le but est de protéger la flore et la faune, mais aussi les intérêts des communautés autochtones.
Cependant, certaines ONG comme Greenpeace Malaysia rappellent toutefois que la NDPE doit être largement respectée par tous pour voir des vrais progrès significatifs comme le rappelle, Heng Kiah Chun, responsable de campagne de l'ONG. "Certains des plus grands commerçants et des plus grandes marques du monde se sont engagés à avoir des chaînes d'approvisionnement sans déforestation, indique-t-il. La NDPE constitue un excellent outil permettant à l’industrie de se réformer. Mais l’incapacité de l’industrie à mettre en œuvre ces politiques nuit davantage à la réputation du secteur."
Un cadre autour de la production d'huile de palme
Si la récente législation européenne sur l'huile de palme fait débat en Malaisie, la presse locale mentionne surtout la certification nationale appelée MSPO, lancée en 2015, qui implique notamment des exigences de traçabilité. Elle concerne les entreprises et plus de 300 000 petits exploitants dans le pays. La Malaisie, tout comme l’Indonésie, a en effet développé des standards de certification gouvernementaux.
Kuala Lumpur a donc atteint ses objectifs de réduction de la perte de forêts primaires pour 2022, mais la Malaisie reste bien sûr un pays concerné par la déforestation. Selon Global Forest Watch, la superficie totale de forêts primaires humides en Malaisie a diminué de 18% entre 2002 et 2022. Les deux premiers Etats concernés sont ceux du Sarawak et du Sabah sur l’île de Bornéo.
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