Cet article date de plus de deux ans.

Élections : comment la Suède et la Bulgarie luttent contre l'abstention

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction Stockholm et Sofia où tous les moyens sont bons pour inciter les gens à voter. 

Article rédigé par franceinfo, Frédéric Faux - Damian Vodénitcharov
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un électeur met une enveloppe de vote dans l'urne. Photo d'illustration.  (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS)

À trois jours du premier tour des législatives en France, le scrutin ne semble clairement pas mobiliser les foules : selon notre dernier sondage, l'abstention attendue ce dimanche 12 juin 2022 tourne autour des 54 %. Plus qu'il y a cinq ans, une année déjà record. Comment s'y prennent les autres pays pour endiguer ce phénomène ?   

En Suède, un festival de musique pour mobiliser les quartiers populaires

La Suède tente de lutter contre l'abstention en allant chercher les plus jeunes et les habitants des banlieues populaires. L'idée ? Se déplacer directement chez eux. Chaque année, pas seulement en période électorale, les autorités organisent "la semaine de Järva" depuis 2016, du nom de la banlieue de Stocklholm où a lieu l'événement. Loin du centre-ville très bourgeois de la capitale, c'est un véritable festival de musique qui est proposé aux habitants, majoritairement d'origine étrangère. Des festivités, une foire aux associations, une bourse aux emplois et un forum politique. Tous les chefs de parti – dont la Première ministre - viennent y donner un discours. Toutes les tendances y sont représentées.

Alors bien sûr les jeunes viennent surtout pour les artistes, pour jouer au foot ou au basket avec des animateurs, mais ça leur permet aussi d’avoir un premier contact avec la politique, de voir qu’il y a des institutions, des services publics qui pourraient peut-être les aider dans leurs projets futurs. L'événement a pour objectif d'être un premier pas dans la citoyenneté.

>> Vote dans la commune de son choix, encadrement des sondages... Les préconisations de la mission d'information pour lutter contre l'abstention

Vu de France, le mélange des genres paraît un peu particulier. Mais c'est parfaitement assumé par Ahmed Abdirahman, le créateur de la Järva vecka, arrivé en Suède comme réfugié de Somalie. "Nous avons fait ça pour renforcer notre démocratie, surtout dans ces zones qui sont socialement vulnérables. Bien que nous venions de différentes parties du monde, notre avenir est commun, et nous devons le bâtir ensemble". Se parler, aller vers le consensus... Une méthode typiquement suédoise. Cette semaine de Järva s’inspire d’ailleurs de la semaine de l’Almedalen sur l’île de Gotland, qui a été créé à la fin des années 60 par Olof Palme. Là aussi tous les chefs de partis ont rendez-vous avec les militants, les acteurs associatifs, les entrepreneurs : l'événement attire 40 000 visiteurs et des millions de téléspectateurs.

Rappelons qu'en Suède, le scrutin est proportionnel. Dès qu’un parti dépasse la barre des 4% : il se retrouve représenté à l’Assemblée. Résultat ? Lors des dernières élections de 2018, le taux de participation a battu des records… il était de 87%.

Des spots de pub et de la fraude en Bulgarie

Comme dans de nombreux pays ex-communistes, la démocratie n'a pas encore fait ses preuves en Bulgarie. L'abstentionnisme y est toujours très important, le taux de participation dépassant rarement les 50%. Rien ne semble pouvoir remédier à cette situation.  

Une des raisons principales, c'est la méfiance à l'égard de la classe politique. D'après les sondages, seuls 8% des Bulgares font confiance à leurs élus ; 15% font confiance au gouvernement. Le système judiciaire est quant à lui en tête des sondages en ce qui concerne la corruption, suivi de près par le parlement et la police. Il y aussi un sentiment d'impuissance des électeurs face au statu quo politique, avec des réformes qui traînent les pieds et un niveau de vie qui progresse lentement à l'échelle européenne.

Alors il y a bien des initiatives pour remédier à ce problème... En période électorale, on parle beaucoup des différents types de fraude, y compris l'achat de voix auxquels quasiment tous les grands partis auraient recours. Les manipulations de listes sont chose courante aussi. Le jour du scrutin, les médias ne parlent que de ces fraudes.

De façon plus légale, il y a surtout des campagnes de sensibilisation, des spots qui passent en boucle à la télé et à la radio pour pousser les électeurs à se rendre aux urnes : sans effet. Une loi était même censée rendre le vote obligatoire. Elle a été entérinée en 2016, avant que les élus se rendent compte qu'il était anticonstitutionnel de sanctionner les Bulgares ne souhaitant pas voter. Résultat :  le vote est officiellement obligatoire sans qu'il n'y ait de sanctions pour les non-votants.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.