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Economies d'énergie : les mesures prises pour réduire la consommation en Belgique, en Grèce et en Espagne

Après un été caniculaire en Europe, marqué par des incendies dans de nombreux pays, plusieurs gouvernements, comme la Belgique, la Grèce et l'Espagne prennent des décisions pro-environnementales et économiques, visant à réduire leur consommation d'énergie.

Article rédigé par franceinfo, Pierre Benazet, Angélique Kourounis - Pierre Chaperon
Radio France
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Temps de lecture : 6min
Pour cet hiver, l'Union européenne se prépare à faire face à des défis aussi bien énergétiques qu'économiques.  (JEAN-LUC FLEMAL / MAXPPP)

Face à l'urgence climatique et à la hausse des prix de l'énergie à cause de la guerre en Ukraine, les pays de l'Union européenne s'aprêtent à faire des économies et à réduire leur consommation en prévision de l'hiver.

En Belgique, le gouvernement souhaite accompagner les plus précaires

Le gouvernement fédéral belge a d'abord enclenché des mesures tournées vers les ménages les moins riches, avec en particulier une baisse de la TVA sur le gaz et l'électricité. Cette dernière est plafonnée à 6 % depuis avril. Un plafonnement qui a été reconduit. Il y exuste aussi un tarif social pour l'énergie domestique pour les ménages les plus précarisés. Certaines taxes sur les produits pétroliers ont été abaissées et les prix des billets de train sont plafonnés. Une mesure destinée en particulier à faire diminuer le bilan carbone dans un pays très dépendant de l'automobile.

Le Premier ministre belge Alexander De Croo affirme que les cinq à dix prochains hivers seront difficiles. Il réunit mercredi 31 août un comité de concertation pour envisager de nouvelles mesures avec les régions du royaume. Le gouvernement est en particulier favorable à un plafonnement des prix de l'énergie, même si certains affirment ici que plafonner les prix du gaz ne peut que faire fuir les fournisseurs potentiels. La solution ne peut donc passer que par un accord au niveau européen, affirment plusieurs ministres, dont celle de l'énergie. Elle reprend à son compte l'idée du découplage émise par la France il y a dix mois et estime que les prix de l'énergie ne doivent pas être alignés sur le prix du gaz, car l'électricité est actuellement produite à un coût moindre.

La Belgique a renoncé à fermer comme prévu ses deux centrales nucléaires. Les Pays-Bas, de leur côté, décident de tripler leurs capacités. Ils passent d'une à trois centrales dans les prochaines années. Les Néerlandais ont aussi pris des mesures d'abord symboliques, en demandant de limiter les douches à cinq minutes et le chauffage à 19 C° à la maison. Des mesures structurelles sont aussi mises en place, avec des limitations de consommation demandées aux plus gros consommateurs industriels, avec aussi des investissements en partie obligatoires dans les économies d'énergie.

En Grèce, la population est sensibilisée et y met du sien

Au-delà du défi climatique, la Grèce dépend aux trois quarts du gaz russe pour se chauffer. Le gouvernement conservateur a lancé plusieurs opérations pour économiser l'énergie. D'une part, le décaissement annoncé d'une enveloppe de 640 millions d'euro pourrait aller jusqu'à un milliard, pour isoler les bâtiments publics du pays. Cela va de l'isolation des murs, au remplacement des éclairage publics traditionnels par des lampes LED alimentées par des mini panneaux solaires. Sans oublier la pose sur les vitres d'un film plastique sombre pour limiter les pertes d'énergie. Cette opération, baptisée Electre, vise à économiser 10% d'énergie sur un an.

Le gouvernement sensibilise aussi la population, en multipliant les appels via les médias pour enjoindre à ne pas utiliser l'air conditionné en permanence, et à ne pas régler la température ambiante au-dessus de 27°C. Pour l'hiver, on demande de ne pas dépasser les 19°C. C'est l'opération Thermostat. Cet été, les Grecs ont été incités à échanger gratuitement leurs anciens appareils électroménagers énergivores contre de nouveaux équipements plus performants. Et des subventions sont attribuées aux propriétaires pour isoler leurs biens. Ce qui dissuade surtout les foyers, ce sont les factures hallucinantes d’électricité. Elles dépassent souvent le loyer, les climatiseurs tournent donc nettement moins que d’habitude. On éteint les lumières des terrasses et pour l'eau chaude, on recourt de plus en plus aux panneaux solaires.

En Espagne, un plan d'économie d'énergie est déjà en vigueur 

Le gouvernement espagnol a fait voter son plan d’économie d’énergie la semaine dernière, mais déjà en vigueur depuis le 10 août dernier. Pas plus de 27°C pour la climatisation dans les administrations, les commerces, les établissements culturels, les gares, les aéroports. Et cet hiver, le chauffage ne pourra pas aller au-delà de 19°C dans ces mêmes bâtiments. Les vitrine des magasins et les lumières des édifices publics doivent s’éteindre à 22 heures. Les bâtiments climatisés ont jusqu'au 30 septembre pour se doter d'un système de fermeture automatique, exceptés les centres de santé, les écoles, les salons de coiffure ou encore les transports publics. Avec ce plan d’économie d’énergie en vigueur jusqu’au 1er novembre 2023, les amendes peuvent aller de 60 000 à 100 millions d’euros.

Le gouvernement espagnol et ses alliés ne comptent pas s'arrêter là. Par exemple, le parti nationaliste basque appelle à changer de mode de consommation et abandonner les énergies fossiles. Les indépendantistes catalans réclament un fonds régional pour les entreprises qui doivent adapter leurs infrastructures à l’efficacité énergétique. Ce n’est que le début d’un long processus pour arriver à une loi, voulue par le gouvernement et qui pourrait entrer en vigueur avant Noël selon le journal El País.

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