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Covid-19 : l'Australie rouvre ses frontières, le Japon et la Nouvelle-Zélande gardent la porte fermée

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction trois pays de la zone Asie-Pacifique qui, face à la pandémie, font des choix très différents en terme de tourisme.

Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura, Grégory Plesse
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
L'aéroport de Sydney (Australie), en avril 2020. (PETER PARKS / AFP)

Comment concilier tourisme et mesures sanitaires anti Covid-19 ? Deux ans après le début de la pandémie, les gouvernements semblent toujours définir leurs règles indépendemment de leurs voisins. Nous partons au Japon, en Nouvelle-Zélande et en Australie.

L'Australie accueille les double vaccinés

Le Premier ministre australien Scott Morrison, a annoncé lundi 7 février la réouverture des frontières du pays aux touristes, près de deux ans après leur avoir fermé la porte. Les étrangers seront les bienvenus à partir du 21 février, à condition de respecter certaines conditions. Après la saga Djokovic, la condition essentielle, c’est de présenter un schéma vaccinal complet. Actuellement, cela veut dire deux doses mais le pays pourrait bientôt passer à trois doses de vaccin anti Covid-19. Sans cette double vaccination, il faut faire une demande de dérogation, qui n’est accordée que dans un nombre très limité de cas. Enfin, il faut aussi présenter, avant d’embarquer, un test négatif.

Les portes ne sont donc pas encore grandes ouvertes mais c’est déjà un énorme soulagement pour les professionnels du tourisme, un secteur d’activité qui rapporte en temps normal environ 30 milliards d’euros par an. Depuis la fermeture des frontières du pays en mars 2020, ils étaient en très grande difficulté. Ceci étant dit, la reprise du tourisme en Australie ne va pas forcément être fulgurante. D’abord parce que l’État d’Australie occidentale reste, lui, pour l’instant fermé, non seulement aux touristes étrangers mais aussi au reste de l’Australie. Dans cet État, qui devait rouvrir le week end dernier, les autorités ont annoncé que finalement, elles allaient maintenir les frontières fermées, et ce pour une durée indéterminée.

Et puis, l’autre problème, est que les pays qui habituellement envoient le plus de touristes en Australie appliquent, eux, toujours des mesures très lourdes à leurs concitoyens de retour de l’étranger. C’est le cas de la Chine, ou il faut passer 15 jours en quarantaine surveillée quand on revient d’un autre pays mais aussi de la Nouvelle Zélande, ou les touristes de retour doivent passer dix jours à l’isolement chez eux. Or, ces deux contingents représentent à eux seuls plus de 30% des touristes étrangers se rendant en Australie et près du tiers des recettes touristiques.

Tout projet de vacances en Nouvelle-Zélande - qui a constitué une bulle sanitaire depuis le début de la pandémie - reste d'ailleurs inenvisageable avant cet été. Car même si comme en Australie, plus de 90% de la population néo zélandaise est vaccinée, les touristes ne pourront pas s’y rendre avant le mois de juillet. Et cette réouverture des frontières ne concernera que les touristes qui n’ont habituellement pas besoin de visa pour s’y rendre. C’est le cas d’une soixantaine de pays, dont ceux de l’Union européenne mais aussi par exemple des États-Unis. Pour tous les autres, il faudra attendre jusqu’au mois d’octobre.

Le Japon repousse encore la réouverture

Au Japon, malgré un très court et restreint sas en novembre dernier, les frontières de l’archipel restent fermées. On appelle cela "sakoku", terme employé pour qualifier la totale fermeture du pays pendant la période d'Edo entre les XVIIe et XIXe siècles. Cette fois, cela fait deux ans que ça dure mais ça commence déjà à faire long pour certains. Le Premier ministre Fumio Kishida ne cesse cependant de se féliciter de cette politique d’interdiction d’entrée des étrangers qui le rend populaire : "Le Japon est le pays du G7 ayant pris les mesures frontalières les plus sévères. Les dispositions actuelles seront maintenues jusqu’à la fin du mois".

L’échéance de réouverture ne cesse d’être repoussée, mais en réalité le variant Omicron est quand même entré dans le pays sans visa. En effet, le Japon garde la porte fermée aux étrangers mais autorise les Japonais et résidents de l’archipel à voyager à l’extérieur et à revenir, parfois contaminés.

Que le Japon empêche les touristes étrangers de venir peut à la limite se comprendre, mais cette fermeture touche aussi les voyageurs d’affaires, ou bien les partenaires étrangers non mariés de ressortissants japonais qui vivent séparés parfois depuis deux ans. Le gouvernement peut décider des exceptions par exemple pour les délégations étrangères des Jeux Olympiques de Tokyo l’été dernier, mais c’est totalement discrétionnaire .

150 000 étudiants étrangers en attente

Le plus dramatique ce sont, les étudiants étrangers qui depuis deux ans ne peuvent venir au Japon, sauf très rares exceptions, comme l’explique le Premier ministre : "S’agissant des étudiants étrangers, nous acceptons des entrées sur dossiers individuels, en cas de circonstances humanitaires particulières et en fonction de l’intérêt national". Sur près de 150 000 étudiants en attente, seuls 87 sont entrés en janvier, et 400 seront autorisés en février.

Pour les autres comme Ngiah, qui vit en suisse, les démarches se poursuivent, en vain : "J’ai quand même continué en ayant l’espoir que les frontières ouvrent au fur et à mesure, mais malheureusement aujourd’hui ce n’est toujours pas le cas." Il suit des cours en ligne en pleine nuit à cause du décalage horaire. "Malheureusement je paie un tarif normal, comme si je venais à Tokyo pour étudier. J’ai eu pas mal de camarades de classe qui ont abandonné justement à cause de ce souci financier", se désespère Ngiah. Beaucoup d'étudiants préfèrent désormais aller en Corée du Sud, pays rival du Japon en Asie qui les accueille à bras ouverts.

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