Covid-19 et port du masque : les stratégies très différentes en Allemagne et en Suède
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Allemagne et la Suède pour voir quelle est leur politique concernant le port du masque pour lutter contre le Covid-19.
La France tombe le masque dans les transports en commun, à partir du lundi 16 mai. Le masque n'est désormais plus obligatoire dans le train, le bus, le métro ou encore les taxis. Direction l'Allemagne et la Suède, deux pays qui suivent des stratégies différentes.
En Allemagne, le port du masque toujours obligatoire dans les transports
L'Allemagne, contrairement à la France, oblige toujours de porter le masque dans les transports en commun. Le ministre des Transports, le Libéral Volker Wissing, souhaite supprimer cette obligation dans les bus, les trains et les avions.
Cependant, le ministre de la Santé, lui même épidémiologiste, le social démocrate Karl Lauterbach, est résolument opposé à l'assouplissement de l'obligation actuelle. Il évoque les 150 morts quotidiens dus au covid pour justifier sa position restrictive. La troisième barque gouvernementale, le parti Vert, est également opposé à la levée de l'obligation. "On a besoin du masque pour assurer un été sûr dans les bus et les trains", assènent les experts santé du parti.
"Il n'y a pas de covid allemand, mais un problème qui est le même dans toute l'Europe", argumente le ministre des Transports, favorable à l'assouplissement de la réglementation. Le texte actuel est en vigueur jusqu'au 23 septembre. Dans les transports allemands, le masque ne tombera pas cet été.
En revanche, le masque n'est plus obligatoire en Allemagne dans les commerces, les cinémas ou les musées, même si certains commerçants ou directeurs de musées font valoir leur droit à imposer le port du masque dans leur établissement. Ils sont peu nombreux à le faire. À tout moment, les autorités régionales peuvent retourner à l'obligation de se masquer dans les lieux publics, dès que les autorités régionales constatent une tension au niveau des hôpitaux de la région.
En Suède, aucune obligation de porter le masque depuis le début
En Suède, la situation est assez inédite. Le pays a eu une politique presque unique au monde, sans confinement, sans obligation de port du masque depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Partout où les Suédois sont susceptibles de croiser d’autres Suédois, le masque n’a jamais été obligatoire, seulement recommandé. Alors que l’OMS a commencé à préconiser ce type de protection dès le printemps 2020, il a fallu attendre le mois de janvier 2021 pour que l’agence suédoise de santé publique fasse de même, au moins dans les transports.
Pour la commission Corona, qui a rendu en février dernier un rapport sur la gestion de la crise, c’était une erreur car le principe de précaution n’a pas été appliqué. Le fait est que le masque, en Suède, a toujours été traité avec méfiance par les autorités. Certes, au cœur de l’hiver et aux heures de pointe dans les transports, on pouvait voir des Suédois masqués. Aujourd'hui, le masque a complètement disparu.
Covid-19 : la Suède a eu raison de ne pas confiner, mais aurait dû faire plus, selon un rapport parlementairehttps://t.co/R68mmOpuGx pic.twitter.com/AhRQ8cNgzP
— franceinfo (@franceinfo) February 25, 2022
Cette spécificité suédoise a-t-elle eu un impact sur la mortalité ? La réalité est que la Suède, avec 19 000 morts, est dans la moyenne européenne. Cette mortalité rapportée à la population est deux fois supérieure à celle d’autres pays nordiques comme la Finlande ou le Danemark. Cependant, si l'on compare aux autres grands pays européens, seules l’Allemagne et la Suisse font légèrement mieux. La Suède a un taux de mortalité inférieur à ceux de l’Italie, de l’Espagne, et même de la France. Le pays a payé un lourd tribut, mais ceux qui pensaient que le laxisme suédois allait conduire à une catastrophe sanitaire ont été démentis.
D’ailleurs, depuis le 1er avril, le virus n’est plus considéré en Suède comme une maladie dangereuse pour la société. À Stockholm, ces derniers jours, il n’y avait plus que sept malades en soins intensifs. Les gens semblent avoir complètement oublié l’épidémie, mais aussi le vaccin : seuls deux adultes sur trois ont reçu leur troisième dose. C’est un motif d’inquiétude car comme ailleurs en Europe, un rebond est toujours possible à l’automne.
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