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Covid-19 : En Pologne, au Mexique et en Israël, les restaurateurs se rebellent

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Cette semaine, direction les montagnes polonaises, Mexico et Israël où les patrons de restaurants veulent faire entendre leur détresse, quitte à enfreindre les règles.

Article rédigé par franceinfo - Sarah Bakaloglou, Emmanuelle Steels, Alice Froussard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Les employés d'un restaurant de Mexico manifestent pour demander la réouverture de leur établissement, le 12 janvier 2021. (ALFREDO ESTRELLA / AFP)

Entre aides de l'État et vente à emporter, les restaurateurs français tentent de survivre à la crise du Covid-19 alors que la perspective d'une réouverture le 20 janvier s'est envolée. Malgré l'existence du collectif "Restons Ouverts", la très grande majorité d'entre eux respectent l'interdiction d'ouvrir leur établissements et le dialogue se poursuit avec le gouvernement. Comment se comportent les patrons de bars et restaurants à l'étranger ? Franceinfo vous emmène en Pologne, au Mexique et en Israël.

La fronde polonaise partie des montagnes

En Pologne, plusieurs hôtels, restaurants, bars annoncent qu’ils ne respecteront plus les restrictions pour lutter contre le Covid-19 et rouvriront dès lundi 18 janvier, malgré la prolongation des mesures jusqu’à fin janvier annoncée par le gouvernement. Ce mouvement de rébellion a commencé dans la région montagneuse de Podhale, dans le sud du pays. Cette région, qui vit principalement du tourisme hivernal, a subi de plein fouet la crise du Covid-19 avec des pistes de ski, des restaurants, des hôtels-chalets fermés à cause des restrictions. C’est donc ici qu’a été lancé ces derniers jours "le veto des montagnards", après l’annonce de la prolongation des mesures sanitaires. "Nous voulons vivre et travailler normalement", a expliqué le porte-parole de cette initiative, qui a même invité le président polonais à venir skier en personne cette semaine.

"On a décidé d'ouvrir car on doit penser à nos 15 employés et nos fournisseurs qui ont perdu beaucoup d’argent à cause de la fermeture de notre établissement, témoigne un restaurateur d’un village de montagne qui va rouvrir les portes de son établissement lundi. Si on ne rouvre pas maintenant, on devra mettre fin à notre business comme 90% des personnes qui vivent du tourisme." Ces entrepreneurs jugent le soutien financier de l’État bien insuffisant. C’est ce qui explique que plusieurs dizaines d’hôtels, restaurants et bars aient décidé de rejoindre le mouvement et pas seulement dans le sud du pays, mais dans toute la Pologne.

En quelques jours, le slogan "on ouvre" a fleuri sur les réseaux sociaux, les établissements invitant les clients à revenir. Une carte interactive du pays a même été créée pour recenser ces lieux. Et ces business rebelles sont prêts à contester en justice les amendes qu’ils pourraient recevoir. Des contacts d'avocats ont d‘ailleurs été partagés sur les réseaux sociaux ainsi que des conseils sur l’attitude à adopter en cas de visite de police ou des autorités sanitaires.

"Ouvrir ou mourir", l'ultimatum des restaurateurs mexicains

À Mexico, les restaurants vont rouvrir lundi alors que la contagion au Covid-19 atteint un nouveau pic. La semaine dernière, le pays a payé un lourd tribut à la pandémie, avec une moyenne de 1 000 morts par jour, 140 000 au total. Dans la capitale mexicaine, les hôpitaux sont à leur niveau maximal d’occupation. Mais les restaurants, qui donnent du travail à plus de 100 000 personnes ont réussi à faire lever l’interdiction de recevoir des clients. Ils disent ne pas pouvoir survivre autrement.

"Ouvrir ou mourir". C’est le mot d’ordre des restaurateurs de Mexico qui sont donc parvenus à leurs fins. Les commerçants ont négocié durement avec les autorités locales, ils ont même servi des clients pendant quelques heures la semaine dernière, violant les interdictions. Mais leur message est passé : "ouvrir ou mourir", autrement dit, s’ils ne reprenaient pas rapidement du service, il n’y aurait plus aucun restaurant pour ouvrir ses portes quand les autorités daigneraient accorder l’autorisation. Les restaurateurs disent que leur but n’est pas de relancer les affaires, mais de maintenir les emplois. À Mexico le secteur de la restauration donne du travail à environ 100 000 personnes qui ont perçu une allocation unique de compensation de la part du gouvernement local, équivalente à seulement 100 euros.

Cette autorisation de réouverture accordée par les autorités est assortie de conditions et de précautions sanitaires. Les restaurants pourront servir uniquement en terrasse jusqu’à 18 heures, et comme le climat est clément à Mexico en journée, il est possible de manger à l’extérieur. Les patrons devront assurer la prise de température à l’entrée, imposer un registre digital des clients afin de tracer les contacts et laisser une distance de sécurité entre chaque table.

Les restaurateurs ont argumenté que toutes ces mesures étaient déjà appliquées dans leurs établissements, mais pas dans les petites échoppes informelles et sur les marchés qui servent à manger dans la rue, et qui pourtant sont restés ouverts sans interruption. Et là, il n’y a aucune distance et souvent des agglomérations de personnes. C’est l’argument qui a fini de convaincre les autorités de loger tous les restaurants, formels et informels, à la même enseigne.

Les commerçants israeliens favorables à un durcissement pour tous

Israël vit son troisième confinement depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Alors, certains secteurs qui paient le prix fort des mesures gouvernementale ont décidé de ne pas rester silencieux. Uriel Lynn, le président de la Fédération des chambres de commerce israéliennes fait le tour des plateaux télévisés à chaque reconfinement en expliquant les difficultés économiques du secteur, les aides insuffisantes.

De manière générale, les commerçants israéliens ont survécu difficilement au premier confinement et se sont retrouvés en grande difficulté au deuxième confinement. Le troisième risque de leur porter un coup fatal. Ainsi, début janvier, au moment où les écoles et les entreprises qui n’accueillaient pas de public pouvaient rester ouvertes, les commerçants ont lancé un ultimatum au gouvernement israélien. Soit il y a un blocage généralisé, soit ils rouvrent les magasins, restaurants et centres commerciaux. Car selon eux, le confinement était trop léger, mais surtout déséquilibré, entraînant donc des inégalités entre les secteurs.

Cette fois le gouvernement les a écoutés et a intensifié le confinement en fermant toutes les entreprises et les écoles. Car l’argument des commerçants était aussi de dénoncer ces mauvaises gestions gouvernementales : pour eux, fermer partiellement, pour tout rouvrir ensuite et reprendre les comportements à risques n’empêchera pas la propagation du virus mais ne fait que la repousser. Les commerçants, furieux, ont l’impression d’avoir été "les cobayes du gouvernement" depuis le début de la pandémie et, précisent-ils, s’ils sont "méprisés par le gouvernement, alors il faut mépriser le gouvernement". Le pays est censé rouvrir dès jeudi soir mais rien n’est encore certain, car le nombre de cas continue d’augmenter.

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