Chine, Suède, Royaume-Uni : comment ces pays gèrent les "Covid longs" ?
Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction la Chine, la Suède et le Royaume-Uni, pour voir comment ces pays étudient et prennent en charge les malades du Covid long.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré la semaine dernière que le Covid long devait être traité avec la plus haute importance. Les personnes souffrant de symptômes pendant une longue période "doivent être entendues si nous voulons comprendre les conséquences à long terme et la guérison du Covid-19", a ainsi estimé Hans Kluge, le directeur de la branche européenne de l'OMS. Comment le Covid long est-il géré, ailleurs dans le monde ? Direction la Chine, la Suède et le Royaume-Uni.
Un étude chinoise montre que les symptômes peuvent durer jusqu’à six mois, et même s’aggraver
Une étude chinoise publiée dans la revue médicale The Lancet menée à Wuhan, le berceau de l’épidémie, révèle que les symptômes des patients peuvent durer jusqu’à six mois après leur infection. L’enquête a été réalisée sur 1 733 malades, hospitalisés au début de l’année dernière dans un hôpital de la mégalopole de Wuhan. Pour réaliser cette étude, les patients, dont l’âge médian était de 57 ans, devaient marcher pendant six minutes, sans discontinuer. Après l’effort, 76% affirmaient souffrir de symptômes liés à la maladie, six mois après leur infection. Les principaux symptômes listés sont la fatigue et les faiblesses musculaires. Mais plus d’un quart des personnes interrogées révélaient aussi souffrir de troubles du sommeil, d’anxiété ou de dépression alors que seuls 4% de ces malades avaient été hospitalisés en réanimation ou en soins intensifs.
Plus inquiétant, les séquelles pourraient s’aggraver avec le temps. 6% seulement des patients de Wuhan étudiés avaient des problèmes rénaux durant leur hospitalisation, mais cette proportion avait grimpé à 35% six mois après leur contamination. La situation est plus alarmante chez les personnes atteintes d’une forme grave de la maladie. Certains n’avaient toujours pas récupéré la totalité de leurs fonctions vitales tandis que d’autres présentaient du diabète, ce qui ne leur avait jamais été diagnostiqué jusqu’ici. Pour les auteurs de cette recherche, un échantillon plus large et un suivi plus long des patients étaient nécessaire pour mieux analyser les effets de cette maladie au long cours
En Suède, ce sont les patients qui tirent la sonnette d’alarme, relayés par les médias
Depuis quelques semaines, des émissions à la télévision ou des éditoriaux dans les journaux donnent l’alerte. Des chiffres circulent aussi : dans la région de Stockholm, 214 enfants sont atteints d’un Covid à long terme, dont certains sont cloués au lit. Sur l’ensemble du pays, 6 000 personnes auraient demandé des soins pour la même raison. Et si l’on en croit les sondages, plus de 100 000 Suédois seraient concernés. Les données sont vraiment partielles mais cela touche un public très différent de celui qui d’habitude fait une forme grave de Covid. Ce sont des malades plutôt jeunes, plutôt des femmes, en bonne santé. Ces personnes actives se retrouvent incapables de travailler, sans perspectives. Cela aura aussi un coût très lourd pour la société.
Ce combat des victimes du Covid long est porté par l’Association suédoise des malades du Covid, qui a des branches dans tout le pays. Elle estime que le plan de recherche sur les symptômes et les différentes façons de les traiter, pour lequel le gouvernement vient de débloquer cinq millions d’euros, n’est pas à la hauteur. Elle voudrait aussi que les régions, qui sont chargées de la santé en Suède, soient plus réactives. Jusqu’à récemment il n’y avait dans le pays que deux cliniques spécialisées sur le Covid à long terme. Depuis le début de l’année, il y a eu de nouvelles ouvertures, mais dans l’agglomération de Stockholm, l’une des zones les plus touchées par l’épidémie, il n’y en a toujours qu’une seule.
Au Royaume-Uni, des universitaires recensent les cas de Covid long depuis les premiers mois de la pandémie
Dès le mois de mars 2020, des scientifiques du King's College de Londres ont co-développé une application mobile pour suivre les symptômes du Covid-19. Elle a depuis été téléchargée par plus de quatre millions de personnes. Une première étude publiée en octobre avait révélé la présence importante de cas de Covid longs dans le pays.
Sur un échantillon de plus de 4 000 malades, un sur sept souffrait toujours de symptômes après un mois. Ils étaient un sur 20 au bout de deux mois. En adaptant ces chiffres à l'ensemble de la population britannique, ils ont conclu que les patients âgés de 18 à 49 ans étaient 10% à développer des symptômes de longue durée. Selon eux, les femmes représenteraient même 50% de cas de plus que les hommes, ce qui s'expliquerait par des différences hormonales. Parmi les facteurs à risque, ils ont aussi retrouvé l'asthme et le surpoids.
La progression du Covid long n'est pas quantifiée par les services de santé. L'étude du King's College date du mois d'octobre et on ne sait pas, par exemple, si l'apparition du variant anglais, signalé au mois de décembre, a eu un impact sur le nombre de cas. En fin d'année dernière, l'office national des statistiques estimait que 300 000 Britanniques souffraient toujours de symptômes entre 5 et 12 semaines après avoir contracté le virus. Et selon un immunologiste de l'Imperial College, le Covid long représenterait actuellement entre 10 et 20% du nombre total d'infections dans le pays. Pour répondre à cette situation, le gouvernement a d'ailleurs ouvert 81 cliniques spécialisées.
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