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Aux États-Unis, au Brésil et en Égypte, la crise sanitaire creuse les inégalités sociales

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui direction les États-Unis, le Brésil et l'Égypte.

Article rédigé par Loïc Pialat, Anne Vigna - édité par Cyrille Ardaud, Martin Roux
Radio France
Publié Mis à jour
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En Californie, aux États-Unis, des bénévoles participent à une distribution de denrées alimentaires pour les plus démunis. (ROBYN BECK / AFP)

En France, la crise sanitaire due au coronavirus a aggravé les inégalités. C'est l'enseignement d'une étude de l'ONG Oxfam dévoilée lundi 25 janvier. Si les plus grandes fortunes se sont déjà refait une santé financière, les plus pauvres devront attendre dix ans avant de retrouver le niveau d'avant la pandémie. Aux États-Unis, au Brésil et en Égypte, la crise sanitaire a également creusé les écarts.

En Californie, les plus riches relativement épargnés par les conséquences de l'épidémie

Aux États-Unis, la Silicon Valley est l'une des grandes gagnantes de la crise. Les cours en bourse de certains GAFA ont explosé : l'action Apple a par exemple augmenté de 80% pour en faire la première entreprise à franchir cet été les 2 000 milliards de dollars de capitalisation boursière.

Par ailleurs, les milliardaires sont encore plus riches qu’ils ne l’étaient dans "le monde d’avant". La fortune des 651 milliardaires du pays a augmenté en 2020 de 1 000 milliards de dollars, soit une hausse de 36%. 

Sans aller jusqu'aux ultra-riches, les ingénieurs de la Silicon Valley ont par exemple pu travailler depuis chez eux, relativement à l’abri du coronavirus. Pendant ce temps, les ouvriers agricoles, les livreurs, les caissiers, en majorité hispaniques, n’avaient pas le choix de sortir. Aux Etats-Unis, le taux de mortalité du Covid-19 au sein des minorités est plus élevé que pour le reste de la population.

Sur le plan de l'éducation aussi, les inégalités se sont creusées. Les écoles sont fermées mais les plus riches peuvent payer à leurs enfants des sortes de mini-classes privées. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, lui-même millionnaire, l’a reconnu en présentant son budget : les très riches se portent très bien. Pour autant, il n'envisage pas d'augmenter leurs impôts. Ces derniers mois l'entreprise Oracle ou encore le patron de Tesla, Elon Musk ont décidé de faire leurs valises pour le Texas, au taux d'imposition plus favorable.

Aux Etats-Unis, certains craignent aussi des inégalités face au vaccin contre le Covid-19. Certains médecins ont déjà reçu des demandes pour un accès rapide au vaccin, réservé pour l’instant au personnel de santé et aux plus de 65 ans. De plus, les très riches sont souvent liés aux hautes sphères. Cela pourrait aider à hériter du titre de "travailleur essentiel". Alors comment éviter ces abus ? L’ordre des médecins de Californie a prévenu qu’il révoquerait la licence des docteurs peu scrupuleux. Et surtout, il y a la peur du scandale et du procès public si une affaire de ce genre sortait.

Au Brésil, d'énormes différences entre les élèves des écoles publiques et privées

Dans le rapport d'Oxfam sur les inégalités, le président brésilien Jair Bolsonaro est cité aux côtés de l'ex-président américain Donald Trump pour avoir mené "des politiques qui creusent encore le fossé entre les très riches et les plus pauvres". Allégements fiscaux massifs pour les milliardaires, budgets très réduits contre l'urgence climatique, ou pour aider les femmes et les minorités.

Mais de nombreux Brésiliens ont conscience de l'accroissement des inégalités, notamment en matière d'éducation. Dans le pays, il n'y a aucun confinement. Tous les commerces sont ouverts, y compris les boîtes de nuit. En revanche, les écoles publiques sont fermées depuis presque un an. Les écoles privées, où vont les enfants des classes moyennes et supérieures sont par contre restées ouvertes. Et cette inégalité entre écoles publiques et privées qui existait avant la pandémie, ne cesse de se creuser et selon les spécialistes, elle pourrait mettre des années, voire ne jamais être récupérée.

Du côté des adultes, les études montrent que ceux qui avaient un emploi formel ont bien moins souffert que ceux qui dépendaient de l’emploi informel, sans contrat ni salaire fixe. Et ces derniers représentent près de 40% de la population active au Brésil. Autre phénomène qui augmente les inégalités : le décès des personnes âgées dont les retraites aidaient les familles des régions pauvres et permettaient de financer en partie l'éducation des enfants.

En Égypte, de très nombreux oubliés de l'aide gouvernementale

En Égypte, là encore ce sont les plus pauvres qui pâtissent le plus de la situation sanitaire. Un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté et la pandémie a agi comme un révélateur et un accélérateur de ces inégalités.

Au printemps 2020, quand le gouvernement égyptien a imposé un couvre-feu et fermé ses frontières, les travailleurs du secteur informel ont été les premières victimes de l’arrêt brutal de l’économie. Les autorités avaient annoncé une aide en liquide de 500 livres égyptiennes (environ 25 euros), à destination de 2,3 millions de ces travailleurs informels. Une goutte d’eau puisqu’ils sont en réalité 20 millions selon l’Organisation internationale du travail. 

Sans compter qu'avec la fermeture des frontières tout autour du globe, il n'y a presque plus aucun touriste. Les villes de Louxor ou Assouan dans le sud du pays sont très dépendantes de cette activité. Mais les voyageurs ont déserté ces destinations et le taux d’occupation des hôtels a chuté en 2020 à seulement 10% par rapport au taux d’occupation de l’année précédente. Résultat, les licenciements sont massifs dans ces établissements et cette région sombre peu à peu dans une très grande pauvreté.

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