Vaccination contre le Covid-19 : en Allemagne, un dispositif important mais qui n'évite pas les critiques
En Allemagne, 442 centres de vaccination sont mis en place, avec des équipes mobiles. Ce dispositif a permis de vacciner 360 000 personnes en dix jours. La France souhaite prendre le même chemin.
Pour augmenter le rythme de la vaccination en France, le ministre de la Santé Olivier Véran promet finalement des centres de vaccination, à l’instar de ceux qui existent en Allemagne. Seuls les plus de 80 ans sont vaccinés, ou ceux dont les problèmes de santé représentent un risque ainsi que le personnel médical et celui des maisons de retraite.
franceinfo s'est rendu à Berlin, à l'est de la ville, au centre de vaccination de l'Arena, une petite salle de concert du quartier de Treptow. C’est l'un des 442 centres montés en Allemagne en quelques semaines, en novembre et décembre. Il a été fait appel à des professionnels des foires qui savent relever ce genre de défi. N’appelez pas cela un "vaccinodrome" : c'est une expression inventée la semaine dernière par le porte-parole du gouvernement français pour décrire la situation en Allemagne. Ici, on appelle ça tout simplement un centre de vaccination
La France a pris un retard considérable par rapport à ses voisins depuis le lancement de la campagne de vaccination contre la Covid-19. Le gouvernement peine à se justifier. #covid_19 #vaccin #allemagne #fakenews #info @artefr #désintox #gabrielattal #santé pic.twitter.com/tUFTJVkqrg
— Désintox - ARTE (@ArteDesintox) January 4, 2021
Rien que dans la capitale, par exemple, il y a six centres comme celui-ci. Ils sont tous prêts, que ce soit au vélodrome ou dans l'un des deux anciens aéroports, ils serviront plus tard pour la campagne de vaccination grand public. Mais pour cette première phase, seul ce centre de l’Arena est ouvert.
Ceux qui se rendent ici ont reçu un courrier avec un identifiant personnel, la date et l'heure précise. Il y a un fléchage au sol pour suivre chaque étape, des marquages aussi pour respecter les distances, une salle d’attente, un écran très large qui indique son numéro personnel et, en face dès que ça se libère, le numéro d’une des 80 cabines. Il y a d’abord un entretien médical. Puis dans une autre cabine, la vaccination. Et en sortant, un espace où l’on peut prendre quelques minutes pour soi. Le rendez-vous suivant, la piqûre de rappel dans trois semaines, est donné dans la foulée.
Un centre critiqué par des Berlinois
Ce mardi 5 janvier, Karsten a amené sa mère de 97 ans, Marlène. Et ce qu’il en a vu ne lui plaît pas : "Je dois dire qu’être venu ici m’inquiète un peu. C’est le seul centre de vaccination ouvert à Berlin et, regardez, l’entrée est vide. Personne. Rien du tout. Je me demande comment les millions de Berlinois vont être vaccinés quand rien ne se passe ici. C’est étrange, on ne peut pas dire qu’on fait ça vite." Karsten poursuit, et pointe un paradoxe : "Oui ça pourrait être plus lent, comme en France où j’espère que ça va s’améliorer, mais là c’est trop lent. Il y a bien parfois une petite file d’attente qui se forme mais pour m’y être rendu plusieurs fois, il n’y a pas foule."
Je pense que c’est trop lent. Il aurait fallu vacciner dans tous les hôpitaux.
Lieselotte
Ce Berlinois soulève la question de l’efficacité du dispositif. La réaction est identique chez certains professionnels de santé que nous avons croisés, comme cette infirmière en maison de retraite : Lieselotte a un peu plus de 60 ans, ses collègues sont déjà presque tous vaccinés, et elle aussi critique la campagne de vaccination : "Je pense que c’est trop lent. Il aurait fallu vacciner dans tous les hôpitaux, l’un après l’autre. Et pas que le personnel se déplace dans ce centre de Berlin. Si vous faisiez ça à l’hôpital, tout le personnel serait vacciné en même temps."
Des équipes mobiles pour accélérer la campagne
Ces équipes vont au contact dans les maisons de retraite et vaccinent, s’ils le souhaitent, les employés comme les résidents. À Berlin, il y a 60 voiturettes capables chacune de vacciner environ 50 personnes par jour. Si bien qu’en complément du centre, on comptait hier soir plus de 25 000 personnes ayant reçu la première dose. Environ 360 000 dans tout le pays en dix jours.
Ces deux aides-soignantes en maison de retraite, Bettina et Ramona, ne voient pas de raison de s’inquiéter : "Non, c’est juste que ça prend toujours un peu de temps au démarrage. Mais ça va, pour le moment, nous sommes satisfaites." Ramona renchérit : "On peut toujours mieux faire !" Puis Bettina complète : "Je pense que ce gouvernement fait déjà de son mieux. La situation est difficile ! Se lever et se plaindre, c’est une chose mais prendre une décision pour tout le monde, c’est incroyablement plus difficile, ils font de leur mieux." Ces deux aides-soignantes sont plutôt satisfaites, surtout en comparaison avec d'autres pays souligne Ramona : "Ils ont aussi des problèmes, on n’est pas les seuls, c’est pourquoi franchement nous ça va."
Une campagne de vaccination en période pré-électorale
Et pourtant, quand on ouvre le quotidien le plus lu du pays, le tabloïd Bild ou le plus sérieux Die Welt, le gouvernement allemand est accusé de ridiculiser le pays. La précision est importante, ce n’est pas que le début d’une campagne de vaccination mais aussi le coup d’envoi d’une campagne électorale. Les Allemands votent dans neuf mois. Mais déjà dans dix jours, le parti majoritaire, la CDU désignera le successeur d’Angela Merkel. Son jeune ministre de la Santé, le quadragénaire Jens Spahn, fait partie des candidats. Mais il n’est manifestement pas le préféré du groupe Axel Springer, propriétaire de ces deux puissants journaux.
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