Témoignages
Résultats des législatives 2024 : "Emmanuel Macron nous a mis dans un beau pétrin", grognent des électeurs centristes en plein dilemme avant le second tour

Dans 70 circonscriptions, le Rassemblement national fera face au Nouveau front populaire. Un vrai dilemme pour les électeurs centristes face à des consignes de vote peu claires.
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une carte d'électeur pour les élections législatives. (JEAN-MARC BARRERE / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP)

"Je suis au désespoir d'avoir en face de nous l'extrême gauche et l'extrême droite. Ce n’est pas comme ça que je vois ma France, ce n’est pas comme ça que je vois ma ville, je suis extrêmement peinée..." : à l’heure de la pause déjeuner dans un parc de Lagny-sur-Marne, Samira n’a pas beaucoup d’appétit.

Au lendemain du premier tour des élections législatives, cette électrice de la 7e circonscription de Seine-et-Marne, cadre dans l’administration, se dit proche des idées de la République en marche, portée par Emmanuel Macron. Mais cette fois, elle l'avoue : elle est bien embêtée pour le second tour, pour qui voter ?

Si Samira dit avoir entendu les appels du président Macron et du Premier ministre à faire barrage au RN, difficile pour elle de s’y résoudre. "Je comprends qu'il faille absolument en premier lieu faire face au Rassemblement national, essayer de contrecarrer son accès au pouvoir... Mais franchement voter LFI, c'est compliqué pour moi. Pour moi, ce sont deux extrêmes : donner les clefs du pouvoir à l'extrême gauche, ça ne me satisfait pas. La figure de Mélenchon joue beaucoup. Je ne sais pas si je vais voter, peut-être voter blanc", souffle-t-elle.

Ni LFI, ni RN

Avec une figure plus consensuelle à gauche, dit-elle, comme Raphael Gluksmann, Samira aurait pu franchir le pas et voter pour le Nouveau Front populaire. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à penser cela parmi les électeurs centristes rencontrés à Lagny. "Si on m'avait dit 'Glucksmann sera le futur Premier ministre', oui, je pense que j'aurai voté pour lui", confesse Serge, cadre supérieur chez un opérateur téléphonique. Il a voté pour la majorité présidentielle au premier tour, et pour lui aussi, la présence de LFI au sein du Nouveau Front populaire agit comme un repoussoir.

"Vu le bordel qu'ils ont foutu à l'Assemblée depuis plusieurs années et les propos qu'ils ont eus, je ne voterai pas pour eux."

Serge

à franceinfo


Son choix est donc fait : il votera blanc. Une carte qu'il va jouer pour la toute première fois, puisque le vote RN est pour lui tout aussi inenvisageable : "Je ne pourrai pas voter pour le RN, même s'ils ont policé leur discours. Chez eux, il reste encore des gens  extrémistes. Ils n'ont pas beaucoup de candidats compétents. Même s'il y a des têtes d'affiche, comme Marine le Pen et Jordan Bardella, le reste, ils ont parachuté des candidats qui ne valent pas un pet de lapin", tranche-t-il.

Selon Serge, il ne fait pas bon être centriste aujourd’hui, la faute, d’après lui, à l’exécutif en place. "Je trouve ça dommage que le gouvernement en place n'ait pas vu la colère monter sur l'insécurité, sur l'immigration... Il y a eu un certain déni. Ils auraient pu pondre des lois, ils n'ont pas voulu le faire, on en arrive là maintenant", reproche-t-il.

Colère contre Emmanuel Macron

Comme cet électeur, nombreux sont les centristes à en vouloir au président Macron. "Oui, c’est lui qui nous a mis dans cette situation, il nous a mis dans un beau pétrin", gronde Patrick, un retraité, qui a pourtant toujours voté pour la République en marche.

"Le Président Macron est en partie responsable de la situation actuelle. Je ne le comprends pas. Avec tout le respect que je peux avoir pour la fonction, qu'est-ce que vous voulez faire avec un Président comme ça?"

Patrick, retraité

Alors Patrick votera blanc dimanche. Les programmes économiques du RN et du Nouveau front populaire l’effraient. Il évoque notamment le problème de la dette de la France en cas de victoire des extrêmes. "Un jour ou l'autre il va falloir la payer", prévient-il. Et c’est d’ailleurs un argument qui revient beaucoup chez ces électeurs du centre qui préféreront s’abstenir plutôt qu’aggraver, disent-ils, la situation économique en votant pour les extrêmes.

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