Reportage
"Si mes frères d'armes m’appellent, je fonce" : en Arizona, les pro-Trump se préparent déjà à contester les résultats des élections

Dans ce "swing state", des radicaux pro-républicains se disent prêts à prendre leur revanche, persuadés que les résultats de la dernière élection présidentielle étaient entachés de fraudes.
Article rédigé par Gilles Gallinaro, Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
À Phoenix, Arizona, avant un meeting de soutien à Donald Trump. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

C'est là, il y a quatre ans, que Joe Biden l’avait emporté sur Donald Trump avec le plus petit écart. Seulement 11 000 voix de différence. L'Arizona, au sud-ouest des États-Unis, à la frontière mexicaine, est l'un de ces fameux État pivot de l'élection présidentielle américaine. Or, ici, de nombreuses personnes n’ont pas reconnu le résultat de 2020. L'Etat est une des bases de la pensée complotiste des supporters de Trump et tous se disent prêts à agir, si des irrégularités sont constatées.

À Casa Grande, au sud de Phoenix, la capitale de l'État, Wes est un peu pressé, il se trouve dans le petit marché d’armes et s’arrête rapidement avant de filer à l’église. Wes est venu pour échanger le modèle de chargeur d’un des fusils d’assaut qu’il a chez lui : "Je ne vais pas vous faire la liste mais j’en ai suffisamment. J’ai des courtes et des longues portées, je peux tirer à plus d’un kilomètre, explique-t-il. Si mes frères d’armes m’appellent pour accomplir notre devoir, alors je fonce. Tous les militaires ou ex-militaires ont juré de défendre le pays des menaces intérieures comme extérieures. Je sens qu’un truc va se passer, je le sens dans mes os. J’espère me montrer, je ne veux pas que ce soit la merde dans ce pays. Je ne veux pas de bain de sang, donc j’espère me tromper", assure Wes.

"Il y a des groupes de gens qui sont prêts à répliquer à n'importe quoi."

Brian, marchand d'armes à Casa Grande, Arizona

à franceinfo

Dans les allées du magasin, les marchands affirment que les ventes de munitions ont grimpé en flèche ces derniers mois. Brian est convaincu que les gens se préparent. "Il y a des groupes de gens qui sont prêts à répliquer à n'importe quoi. Il y a des milices par chez nous, la guerre civile n’aura pas lieu. Mais certains groupes voudront prendre les choses en mains, on vit dans un monde de fou en ce moment."

En 2020, 46 fonctionnaires, des élus du Congrès, des membres du conseil de surveillance, un shérif ont été sanctionnés pour déni d’élection. 100% des fraudes dénoncées ont été rejetées dans une enquête indépendante, mais Rocky n’y accorde aucun crédit. "Ils nous traitent de négationnistes, mais moi j’ai bossé sur l’audit, j’ai vu les faux bulletins. Ils ont triché et ils sont en train de le refaire. Le vote par mail et bulletins ne marche pas, ils trichent. Avant, l’élection se faisait sur un jour, maintenant ça dure des semaines des mois… Ils argumentent, font des procès. C’est exactement ce que veut la gauche, le chaos. Nous sommes américains, nous sommes des soldats de la liberté. Il ne faut pas nous provoquer, de toute façon nous défendrons la Constitution. Et si ça signifie de prendre les armes, qu’il en soit ainsi", conclut Rocky.

Les pro-Trump se disent pacifistes

Les supporters de l'ancien président disent qu’ils ne feront que répondre aux provocations, comme Gavin, installé dans les gradins du dernier rodéo de la saison,à Camp Verde,  un fief conservateur au nord de Phoenix. "C’est une casquette MAGA, Make America Great Again", si Gavin a troqué son chapeau de cow-boy contre une casquette c’est parce que l’élection approche. Gavin fabrique des goodies, des objets de promotion, les siens sont à l’effigie de Donald Trump. "Ces quatre dernières années, la seule violence que j’ai vécue, elle venait de la gauche, assure-t-il. Les mecs sont venus à mon bureau, ils m’ont manqué de respect, m’ont craché dessus, m’ont traité de tous les noms. Bref, la gauche est supposée être pleine de bons sentiments, de paix mais bon."

À Camp Verde, fief conservateur en Arizona, les habitants assistent au dernier rodéo de l'année. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Gavin oublie de mentionner qu’il y a quatre ans, des assesseurs républicains ont reçu des menaces de mort pour avoir valider l’élection de Joe Biden. Cette année pas question pour lui que Kamala Harris, que les démocrates s’imposent de nouveau en Arizona. "Cette fois, je pense qu’on a joué la même carte qu’eux, en votant par anticipation. Pour être sûrs que nos bulletins vont au bon candidat. Je ne pense pas qu’elle puisse gagner, c’est impossible, en tout cas pas chez nous", se persuade Gavin.

Donald Trump ne peut pas perdre en Arizona

"Too Big too rig", "l’écart sera trop important pour que le vote soit truqué" : ce slogan s'entend partout, dans la bouche des militants et de l’équipe de Donald Trump. Par exemple, dans le hangar d’un fabricant de munitions où avait lieu ce week-end un meeting de l’un des soutiens de Donald Trump en Arizona, Charlie Kirk, évangélique et ultraconservateur. Il travaille d’arrache-pied depuis quatre ans pour lever des fonds et réparer une erreur, celle de la victoire d’un démocrate en Arizona.

Une hérésie pour Kirk qui rappelle que les républicains sont bien plus nombreux que les démocrates dans cet État, insinuant comme une évidence que le nombre d’inscrits suffit à décrocher la victoire. Kirk annonce comme un résultat l’avance de 8 points des républicains à la suite du vote anticipé mais il ne dit pas qu’il s’agit de participation. Ce mélange de chiffres et d’affirmations donne l’impression aux militants que la victoire est acquise et qu’aucun autre résultat ne pourrait être validé dans les prochains jours.

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