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REPORTAGE. "On ne se fait pas d'illusions, on va être rattrapé par le réchauffement climatique" : face au manque de neige, les villages de moyenne montagne s'interrogent sur l'avenir de la pratique du ski

À Gresse-en-Vercors, le plus haut village du Vercors, en Isère, la question de la poursuite des activités de ski se pose. Le village a été obligé de fermer sa station pendant une grande partie des vacances de Noël, faute de neige.
Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
 

Continuer ou s'arrêter ? C'est le dilemme pour de nombreux petits villages dans les massifs. Beaucoup s'interrogent sur la poursuite des investissements pour pratiquer le ski. Avec le dérèglement climatique, la neige se fait rare, même dans le plus haut village du Vercors. Pourtant, à Gresse-en-Vercors, malgré le manque de neige, les habitants ont fait un choix clair il y a deux ans : ils ont installé neuf nouveaux canons à neige après un référendum.

Le "oui" l'avait emporté avec 63 %. Dans le village, 80 % des 400 habitants se sont déplacés pour glisser leur bulletin dans l'urne, preuve que la question est sensible. En haute-saison, le village peut accueillir jusqu'à 3 000 personnes. La démocratie a parlé. Pourtant, le maire, Jean-Marc Bellot, élu en 2020, était contre ce projet. "Notre modèle de station est remis en cause, parce qu'on est trop bas. Il y avait déjà une paysanne très âgée qui vit encore et qui avait dit, à l'époque, à Didier Migaud, le député du coin : "Monsieur le député, Gresse, c'est trop haut pour cultiver du blé, c'est trop bas pour faire la neige."

"Il nous faut donc des activités, mais il faut qu'on réfléchisse à des activités qui peuvent se pratiquer sans neige, ne pas se focaliser sur le ski parce qu'il y aura de moins en moins de neige."

Jean-Marc Bellot, maire de Gresse-en-Vercors

à franceinfo

Le maire n'envisage pas de fermer la station, mais souhaite la voir évoluer. Du côté des partisans du "oui", la joie a été de courte durée. Avec ou sans canon, la station a dû fermer, comme beaucoup d'autres, une partie des vacances de Noël à cause du manque de neige. Les neuf canons à neige ont coûté au total 500 000 euros financés par la mairie avec l'aide de subvention de la région et du département. 

Jean-Marc Bellot, le maire de Gresse-en-Vercors, observe son village. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE / FRANCE INFO)

Les partisans du "oui" défendent la culture du ski

Bernard Freydier est l'ancien maire du village. Il a soutenu le "oui" lors du référendum, il était le porte-parole d'un collectif d'habitants. Pour l'ancien édile, il faut continuer à penser aux quatre saisons et à ne pas sacrifier l'hiver. "L'avenir de Gresse-en-Vercors passe par une promotion des quatre saisons. Par contre, pour nous, il ne faut pas négliger l'hiver. L'équipe municipale ne croit plus à la neige. Le maire considère que c'est un projet obsolète. Nous, on est né dans la neige, on a pratiqué le ski toute notre vie et on souhaite que ça dure impérativement avec les enneigeurs. On ne se fait pas d'illusions, on va être rattrapé par le réchauffement climatique."

"L'idée, c'est de tenir 15 à 20 ans sans problème."

Bernard Freydier, ancien maire du village et porte-parole d'un collectif d'habitants

à franceinfo

Bernard Freydier défend la pratique du ski dans la station. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE / FRANCE INFO)

Gresse-en-Vercors est à la croisée des chemins. Si la neige a signé son retour ces derniers jours, il va désormais falloir payer les factures pour faire fonctionner les canons. Ici, comme ailleurs, la hausse du coût de l’énergie se fait sentir lourdement. On compte cette hausse en dizaine de milliers d’euros et selon le maire, les 50 canons à neige représentent à eux seuls 40 % des dépenses en énergie de la station.

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