Reportage
"230 euros pour faire l'amour" : ces "salons de massage" asiatiques qui cachent des lieux de prostitution à Paris
Des salons de massage aux "finitions" trop poussées : pour l'association Zéro Macho, beaucoup de ces enseignes sont en réalité des lieux de prostitution. L'association s'est mobilisée samedi 17 juin à Paris, en proposant des massages gratuits devant ces enseignes.
Pour franceinfo, nous sommes entrés dans sept de ces salons à Paris : six nous ont proposé des actes sexuels. Dans l'un de ces salons, une jeune femme en petite tenue nous accueille. Il y a un matelas à l'entrée. "C'est 230 euros pour faire l'amour", explique-t-elle. Dans la plupart de ces salons, il y a plein de noms différents pour ce type de "prestation" : on parle de massage "naturiste", "royal", "tantrique" ou "body-body".
Entre 300 et 400 "salons de prostitution"
L'association Zéro Macho parle, elle, de "salon de prostitution". Fred Robert est le porte-parole de ce collectif d'hommes engagés pour l'égalité entre les femmes et les hommes. "Ces lieux ont un certain nombre de points communs assez caractéristiques", détaille Fred Robert. "La vitrine est en général opaque avec le panneau lumineux 'Ouvert'. Lors de notre petite enquête, on a pu voir que ce sont toujours des lieux de prostitution." Il n'y a pas de réelles études à ce sujet, mais de nombreuses sources, y compris judiciaires, s'accordent à dire qu'il y a entre 300 à 400 salons de massage de ce type à Paris.
Face à ces dizaines de lieux de prostitution, le maire du 17e arrondissement (qui détient le record à Paris avec une cinquantaine de salons) s'interroge. Geoffroy Boulard a le sentiment que les services de police ne sont pas franchement mobilisé sur le sujet. "Je trouve que l'on devrait mettre davantage de moyens. Il s'agit d'un esclavage, des femmes sont des situations inadmissibles. La dignité de la personne humaine est un vrai sujet."
"Pour la préfecture de police, qui a la protection des populations, je n'ai pas l'impression que c'est une priorité."
Geoffrey Boulard, maire du 17e arrondissement de Parisà franceinfo
Le maire du 17e arrondissement précise que l'an dernier, quatre salons ont subi des fermetures administratives pour travail dissimulé, mais pas pour prostitution. L'an dernier, au moins quatre réseaux ont été démantelés. L'association Zéro Macho souhaite également que la loi du 13 avril 2016 soit appliquée, qui prévoit la pénalisation des clients de prostituées (ils risquent jusqu'à 1 500 euros d'amende).
Les professionnels du massage en colère
Ce business agace aussi de nombreuses masseuses professionnelles qui exercent à domicile ou en institut. Toutes expliquent qu'il n'y a pas une semaine sans qu'elles reçoivent des propositions indécentes par téléphone ou SMS. Elles dénoncent la confusion dans l'esprit de certains hommes, pour qui massage est synonyme de faveur sexuelle. Certaines décident même de ne plus masser les hommes. "C'est terminé, car il y en a un qui m'a fait un sale coup", explique Samantha, masseuse et sophrologue en région parisienne. "C'est assez dur. J'ai commencé par lui masser les pieds et quelques minutes après, il a commencé à faire des gestes très déplacés. Je me suis dit : 'Je rêve !' Il se masturbait, je n'ai pas pu réagir tout de suite. J'ai expliqué qu'ici, on ne peut pas faire ça et depuis, je ne fais plus les hommes."
C'est donc pour éviter d'en arriver là que la Fédération française de massage bien-être se joint à l'association Zéro Macho dans ce combat contre les faux salons de massage avec ce slogan : "Pour la fête des pères, offrez un vrai massage !"
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