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Présidentielle 2022 : la gauche dans tous ses états après l'appel à la primaire d'Anne Hidalgo

La candidate socialiste a proposé mercredi soir d'organiser une primaire à gauche. Une tentative de rassemblement pour rattraper le retard dans les sondages.

Article rédigé par Benjamin Mathieu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Anne Hidalgo, candidate PS à l'élection présidentielle 2022. (DANIEL FOURAY / MAXPPP)

Mais à quoi joue la gauche ? Empêtrée depuis des mois dans des querelles de chapelles, avec une multitude de candidats dont aucun n’arrive à passer les 10% dans les sondages, la gauche est aphone. Pour reprendre cette image sportive de Patrick Kanner, sénateur socialiste, "pour le moment la gauche est en Ligue 2" !

Il n’y a qu’à regarder les sondages, aucun des candidats n'arrive à dépasser les 8% pour le mieux placé d'entre eux, Jean-Luc Mélanchon, selon notre dernière enquête Ipsos pour franceinfo et Le Parisien-Aujourd'hui en France, publiée hier. Ce qui fait dire, dépité, à l'ancien socialiste Benoît Hamon, un peu écoeuré par le spectacle : "Il n’y a que des nains dans un champ de nains"

"Nous ne pouvons pas perdre plus de temps"

Tout semblait bloqué entre les candidats majeurs, jusqu’à ce que la candidate socialiste propose de façon assez surprenante mercredi 8 décembre au journal de 20 heures sur TF1, d’organiser une primaire de la gauche "arbitrée par nos concitoyennes et nos concitoyens", c'est à dire extérieure au parti, a-t-elle déclaré, tout en s’engageant à respecter et soutenir le vainqueur, mais aussi à rester candidate si la démarche n’aboutit pas. "Il faudra bien sûr faire campagne pour celui ou celle qui gagnera  et je me conformerai à cette règle-là mais je crois que le moment est venu, le temps est venu de ce rassemblement. Et nous ne pouvons pas perdre plus de temps parce qu'il y a urgence", a expliqué la candidate soutenue par le PS.

C’est une vraie surprise puisque, encore très récemment dans son entourage, on rejetait complètement l’idée. La maire de Paris a changé d’avis, aidé en cela par des sondages très faibles.

Anne Hidalgo rejointe par Arnaud Montebourg

L’ancien socialiste Arnaud Montebourg a lui aussi appelé hier à un candidat d’union. Il a surtout proposé "d’offrir sa candidature", en clair de la retirer en faveur de ce candidat commun. Tout en étant pour le moment encore ambigu sur sa participation à une primaire, refusant de se retrouver en tête à tête avec la maire de Paris. 

Cela tombe bien, une primaire citoyenne des candidats de gauche existe déjà. Pour le moment, absolument personne ne lui prêtait attention. Elle s’appelle la primaire populaire. Quelque 240 000 personnes s’y sont déjà inscrites. Contacté mercredi 8 décembre au soir l’un de ses organisateurs, Samuel Grzybowski, est aux anges, et se fait l’écho de cette demande des électeurs de gauche, celle de l’unité. "C'est incroyable de faire ce changement de trajectoire comme ça en cours de route alors que rien ne rendait l'espoir possible. On a continué à espérer et cet espoir aujourd'hui, il trouve une réponse et on est vraiment très impatients", s'enthousiasme-t-il.

L’équipe de la primaire populaire qui confirme en tout cas que Christiane Taubira, figure incontournable de la gauche, est en contact avec eux, et pourrait se lancer dans l’aventure.

De très nombreuses réticences

Mais c’est là où commencent les problèmes. Mis à part Hidalgo et Montebourg, les autres ne veulent pas de cette primaire. Ils ont tous une bonne excuse. Pour Yannick Jadot, il en a déjà fait une, celle des écologistes, qu’il a gagnée. Il se rappelle aussi qu’en 2017 c’est lui qui s’était effacé derrière le candidat socialiste, Benoit Hamon. David Cormand, député européen ne croit pas de toute façon à l’addition des forces. "La politique c'est une question d'imagination, d'imaginaire, de volonté, de proposition, de vision", juge-t-il.

"Si on n'est pas capable de faire ça et que ça se réduit à 'il faut additionner les sept nains pour essayer de se donner l'illusion qu'on est un géant', ça ne marchera pas."

David Cormand, député européen

à franceinfo

Mardi 9 décembre, Yannick Jadot a confirmé qu'il "ne participerai pas à une primaire de la gauche"Même réponse aussi chez les insoumis de Jean-Luc Mélenchon. Pour toutes une multitude de raison : des questions de programme et une certaine détestation du PS, son ancien parti. Et puis il y a les communistes, que tout ça n’inquiète pas vraiment, comme le candidat Fabien Roussel, cette semaine à l'Assemblée nationale : "On est au début de la campagne, ça va venir, il faut se détendre."

La gauche s’agite, enfin, parce que dans les équipes de campagne, c’est la "sinistrose". Un proche de la France Insoumise qui connaît aussi bien les communistes et les écologistes juge, par exemple, dans un langage fleuri : "Il faut être honnête, on va tous se prendre une raclée !" Ça a le mérite d’être assez clair. Autre ton mais même constat cette fois dans la bouche de l’ancien président socialiste François Hollande : "La gauche fait comme si elle avait déjà perdu." L’insoumis Alexis Corbière, lucide, résume bien l’enjeu. "La possibilité qu’il ne reste plus rien de la gauche après la présidentielle est sur la table", dit-il.

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