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City Football Group : la multinationale qui possède Manchester City, adversaire du PSG en Ligue des champions

Le Paris Saint-Germain est opposé à Manchester City en demi-finale de la Ligue des Champions mercredi. Le club anglais est détenu par un groupe des Émirats arabes unis (EAU) dont l’ambition est de s’étendre partout dans le monde et de faire du football une arme commerciale.

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Mansour bin Zayed Al Nahyan (au centre), propriétaire émirati de Manchester City et d'une dizaine d'autres clubs de football à travers le monde, grâce à sa multinationale City Football Group. (ANDREW YATES / AFP)

Quel est le point commun entre Manchester City, Melbourne, New York et Troyes (Aube) ? Tous ces clubs de foot ont le même propriétaire : City Football Group. C’est une structure qui est une émanation directe des Émirats arabes unis (EAU) et d’un homme : Mansour ben Zayed Al Nahyan (que l’on appelle Cheikh Mansour), le demi-frère de l’actuel dirigeant de ce petit État du Golfe. Un homme immensément riche. Les EAU (composés entre autres d’Abu Dhabi et de Dubaï) sont le grand rival politique du Qatar dans la région.

Un portefeuille de dix clubs 

Mais contrairement au Qatar, propriétaire du PSG, City Football Group possède une véritable galaxie de clubs partout dans le monde : à New York aux États-Unis, en Australie, à Yokohama au Japon, à Mumbai en Inde, à Montevideo capitale de l'Uruguay, dans le Sichuan en Chine et dernièrement en France, à Troyes. L’ESTAC, en tête de la Ligue 2, est devenu en septembre dernier le dixième club de cette firme du football.

Ce choix de s’implanter dans un club qui ne joue pas les premiers rôles n’est pas anodin. "L’intérêt du groupe de venir en Europe et surtout en France, c’est de s’implanter dans le pays considéré comme le numéro un ou deux mondial en matière de formation", explique Erick Mombaerts. Cet ancien entraîneur du Paris Saint-Germain et ancien sélectionneur de l’équipe de France espoirs a été recruté par le City Football Group pour aller au Japon et à Melbourne. Il est aujourd’hui conseiller technique au club de Troyes. "Ça nous permet d’avoir des possibilités pour peut-être recruter", poursuit-il.

Objectif : développer des liens commerciaux

Erick Mombaerts raconte dans quelles circonstances il a été recruté : "Au début, je pensais que c’était une blague, se souvient le technicien de 66 ans. Puis au deuxième coup de fil, ça a commencé à devenir sérieux, mais je n’avais aucune idée de ce qu’était City Group. J’ai été contacté officiellement pour un poste à Yokohama. Quand je suis arrivé à Manchester, on en prend plein les yeux, pas seulement à cause des moyens financiers, mais aussi des moyens humains. Qu’est-ce que vous voulez de mieux pour un entraîneur quand on vous recrute pour une philosophie de jeu et qu’on vous demande de la mettre en place ?"

Cette stratégie mondiale fonctionne

Khaldoon Al-Moubarak, président de la structure City Football Group

à franceinfo

Mais cette volonté d’expansion partout dans le monde n’est pas que sportive. Elle est aussi financière et commerciale et les dirigeants de City Football Group ne s’en cachent pas. "Nous avons 1 500 joueurs dans le monde, 2 000 salariés, nos équipes jouent 2 500 matches chaque année, détaille Khaldoon Al-Moubarak, le président de cette structure. C’est une énorme organisation sur laquelle nous avons beaucoup investi. Ces clubs sont devenus rentables, pérennes et notre entreprise engage des liens commerciaux que nous allons développer encore plus au cours des dix prochaines années."

"Ils ont réussi à en faire une marque"

La holding City Football Group pèse aujourd’hui cinq milliards de dollars. Elle est détenue à 77% par une société d’Abu Dhabi (EAU), à 10% par une multinationale américaine et à 13% par un partenaire chinois. Car à City Group, on ne joue pas qu’au foot, on fait aussi des affaires.

Un exemple : en 2015, le président chinois Xi Jinping visite le stade à Manchester. Quelques mois plus tard, les EAU signent des contrats avec la Chine et City Football Group rachète un club dans le Sichuan. "Ce qu’ils ont réussi à faire avec City, c’est d’avoir une approche de multinationale, comme Danone ou Procter & Gamble, analyse Vincent Chaudel qui dirige l’observatoire du sport business. Ils utilisent le nom City à peu près partout et ils ont réussi à en faire une marque." Le spécialiste explique qu’en s’implantant en Chine ou en Inde, les EAU, Dubaï en particulier qui ne possède pas de ressources en pétrole, peuvent "trouver de la rentabilité et dans le sens inverse, les Chinois ne sont pas désintéressés. Dubaï occupe une place stratégique et c’est l’une des principales places de commerce autour de l’or. Il y a des intérêts qui ne sont pas que sportifs, c’est évident."

Un modèle économique validé par la justice

Conclusion : ce modèle fonctionne. Aujourd’hui, la valeur de City Football Group dépasse celle du grand rival Manchester United alors que Manchester City tout seul ne pourrait pas faire le poids.

Ce modèle, certains rêvent de l’imiter, mais il a aussi ses détracteurs : il a été vu dès le départ comme une entorse au fair-play financier, comme un contournement de la règle en diluant les investissements. "La création de City Group a été au départ une adaptation aux contraintes règlementaires", rappelle Vincent Chaudel. Manchester City a longtemps été dans le collimateur de l’UEFA mais le club a finalement été blanchi.

Dernière interrogation : que fera City Football Group si deux clubs lui appartenant se retrouvent un jour dans la même compétition ? C’est interdit par les règlements. C’est peut-être là la limite de son développement.

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