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"Les nôtres avancent" : comment, dans cette guerre en Ukraine, le village libéré de Robotyne devient le symbole de la contre-offensive

À la fin du mois d'août, dans le sud de l'Ukraine, le village de Robotyne a été libéré de l'occupation russe après deux mois et demi d'intenses combats. La fin du cauchemar pour les sept habitants restés sur place, parmi lesquels Oksana et Mykola.
Article rédigé par Boris Loumagne - Marc Garvenes et Yashar Fazylov
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vitaly, militaire Ukrainien dans son char Bradley, en septembre 2023. (BORIS LOUMAGNE / RADIO FRANCE)

Dans le sud de l'Ukraine, Robotyne a été repris, fin août par les Ukrainiens après deux mois et demi de combats acharnés, devenant un signal pour la contre-offensive qui progresse à petits pas vers la mer d’Azov. La petite bourgade qui accueillait 500 habitants avant la guerre, a été envahie par les Russes en mars 2022. Après presque un an et demi d'occupation, les quelques habitants restés sur place ont été enfin libérés de cet enfer. Ils vivaient sans eau courante ni électricité.

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De longs combats et une difficile attente

Seuls sept habitants ukrainiens sont restés à Robotyne tout ce temps. Parmi eux : Oksana et son mari Mycola. Elle est institutrice, lui agriculteur, tous les deux ont une cinquantaine d'années. Après des mois d'occupation, quelque chose change fin août, relate Mycola : "Une nuit, la steppe a tremblé, c'était les champs de mines autour du village qui explosaient. Notre artillerie tirait intensément, on est dit, 'les nôtres avancent, ça y'est c'est pour bientôt'".

Mais les combats durent longtemps. "Une semaine, puis un mois, puis deux mois. Psychologiquement, c'était de plus en plus difficile cette attente", poursuit Mycola. Pendant tout ce temps, les deux camps s'affrontent, avec au milieu le village et la maison du couple. "Les derniers temps, on ne pouvait plus sortir, ça tirait à la volée, ça sifflait de partout", explique Oksana.

"Un obus est tombé sur notre toit. La dernière nuit, j'ai compté : 22 obus sont tombés dans notre cour."

Oksana, une habitante

à franceinfo

Au final, les soldats ukrainiens réussissent à percer la ligne de fortification et s'attaquent aux tranchées ennemies. Avant la guerre, Roman posait des panneaux solaires. Aujourd'hui, son travail consiste à "nettoyer", dit-il, les tranchées russes. "À ce moment-là, ton esprit est tellement concentré que tu es comme dans un tunnel, il faut bouger constamment, prendre des décisions rapidement et il faut de la chance. Chaque opération peut être la dernière."

Roman réparait des panneaux solaires avant le début de la guerre. (BORIS LOUMAGNE / RADIO FRANCE)

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Le matin du 23 août, les soldats entrent finalement dans Robotyne. Dans leur maison en ruine, Mycola et Oksana tendent l'oreille. Oksana se souvient très bien de ce moment : "On entend courir devant notre maison et puis quelqu'un dit 't'as vérifié cette maison ?' Non, dit l'autre, mais je vais jeter une grenade et on continue. Alors on a crié 'on est là'!"

"On est sorti dans la cour, il y avait des soldats, et là, mon mari m'a dit 'ce sont les nôtres' ! Je n'arrivais pas à y croire."

Oksana, une habitante

à franceinfo

Les soldats mettent alors Mykola et Oksana à l'arrière d'un blindé de fabrication américaine, un Bradley. Les combats sont si violents que seuls ces blindés peuvent évacuer les civils. Vitali le sait, il pilote sur le front de Robotyne. "Le char résiste même aux mines antichars et l'équipage peut survivre. Les blessés, civils ou non, sont évacués avec ces blindés. On n'a pas le choix, l'armée russe tire sur tout le monde", explique-t-il. Ce jour-là, un obus tombe juste à côté du véhicule, mais le blindé se replie et le couple est bel et bien sauvé.

Mycola (à gauche) et Oksana, le couple a vécu l'occupation russe à Robotyne, en septembre 2023. (BORIS LOUMAGNE / RADIO FRANCE)

Depuis cette libération, Mycola et Oksana sont hébergés dans la grande ville de Zaporijjia, où ils ont pu retrouver leurs deux enfants qu'ils n'avaient pas vus depuis un an et demi. Les premières nuits suivant ces événements, lui n'a pas dormi. Avec sa femme, ils avaient perdu l'habitude du silence, du calme. "Là-bas, tout était fou, ça tirait, on ne dormait pas, on courait au potager entre les frappes. Ce n'est que maintenant qu'on commence à se rendre compte du cauchemar qu'on a vécu", conclut Oksana.

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