La Lune, Mars, le soleil : les grandes ambitions de l'Inde dans l'espace
Aditya ("soleil" en hindi) est un satellite dédié à la recherche qui va aller s’installer à un million et demi de kilomètres de la Terre, un gros cube d’une tonne et demie doté de panneaux solaires et surtout de sept instruments. Sa mission : observer le soleil, notamment ce qui se passe dans les couches externes de notre étoile, pour mieux comprendre par exemple comment s’y forment vents et tempêtes. La mission doit durer cinq ans.
Here is the brochure: https://t.co/5tC1c7MR0u
— ISRO (@isro) September 1, 2023
and a few quick facts:
Aditya-L1 will stay approximately 1.5 million km away from Earth, directed towards the Sun, which is about 1% of the Earth-Sun distance.
The Sun is a giant sphere of gas and Aditya-L1 would study the… pic.twitter.com/N9qhBzZMMW
Pendant ce temps, le rover appelé Pragyan poursuit son exploration du sol lunaire. Il a entamé le 24 août dernier sa mission près du pôle sud de la Lune, une zone jusqu’ici peu explorée, avec déjà des résultats annoncés il y a quelques jours par les équipes indiennes : la confirmation, grâce aux instruments embarqués sur ce robot à six roues, de la présence de soufre et d’autres éléments comme du fer, du chrome, du titane dans le sol lunaire. Autant d’informations scientifiques importantes pour mieux connaître l’histoire de notre satellite mais aussi envisager l’installation de futures bases lunaires qui pourront peut-être exploiter ces ressources locales.
Pragyan va poursuivre son travail encore quelques jours avant que la zone où il se trouve ne passe dans l’ombre du soleil, privant peu à peu ses instruments d’énergie, marquant la fin de cette mission historique pour l’Inde. Le pays est désormais la 4e nation à avoir réussi à poser un engin sur la Lune, après les Etats-Unis, la Russie et la Chine.
L'exploration spatiale au service de la vie sur Terre
Avant ces missions lunaire et solaire, l’Inde avait déjà placé une sonde autour de Mars en 2014. L’agence spatiale indienne prévoit aussi d’envoyer des hommes dans l’espace à brève échéance. Le pays est donc à l’avant-scène du spatial en ce moment, et c’est le fruit de dizaines d’années d’investissement dans un but bien défini : "L'Inde s'est ouverte au spatial depuis très longtemps. On a tendance à l'oublier, mais les programmes spatiaux français et indien ont débuté à peu près en même temps, rappelle Mathieu Weiss, représentant en Inde du CNES, l’agence spatiale française, depuis dix ans. La différence, c'est que l'Inde a consacré dès le début son programme spatial à des applications terrestres, et a procuré des données spatiales pour aider les citoyens indiens, les agriculteurs, les pêcheurs, pour faire de la gestion de l'eau potable, toutes sortes de choses qui sont utilisées au quotidien en Inde".
"Il y a quelques années, l'Inde s'est lancée également dans un programme d'exploration spatiale et d'exploration planétaire, poursuit Mathieu Weiss. Et l'alunissage d'il y a dix jours est évidemment un événement majeur qui s'est traduit par une ferveur populaire jamais vue. Mais en général, l'objectif reste de développer des technologies qui font avancer le pays et qui seront applicables in fine sur Terre.
"L'objectif d'Aditya est de prévoir la météorologie du soleil, donc spécifiquement de nous protéger de ces orages solaires qui pourraient mettre en péril nos propres satellites ou nos propres infrastructures terrestres."
Mathieu Weiss, représentant du CNES en Indeà franceinfo
Des astronautes indiens dès 2025 ?
La prochaine grande étape pour l'Inde, c'est la possibilité d'un vol habité, peut-être dès l'année prochaine. Elle entrerait dans un cercle encore plus fermé d'Etats qui peuvent avoir une autonomie d'accès habitée à l'espace. "Si l'Inde réussit le vol habité, elle atteint un niveau que même nous, les Européens, n'avons pas encore atteint, souligne Mathieu Weiss. Donc c'est quelque chose de considérable. C'est un programme qui est certes compliqué, mais qui avance bien. Le premier vol sans astronautes à bord mais pour tester la capsule, devrait avoir lieu début 2024, et le premier vol avec des astronautes à bord pourrait avoir lieu en 2025. Le lancement d'astronautes, c'est une étape évidemment considérable, mais qui, là aussi, s'appuie sur le développement de nombreuses technologies qui seront réutilisables sur Terre. Et toujours dans cet esprit indien de dire : si on fait du spatial, c'est pour développer notre pays et pour faire avancer notre société d'un point de vue scientifique et technologique."
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