Festival de Cannes 2024 : rencontre avec la réalisatrice Louise Courvoisier, qui montera les marches avec son premier long-métrage "Vingt Dieux"
C'est la magie de Cannes : à partir du mardi 14 mai les stars du cinéma mondial défileront sur la Croisette, comme Francis Ford Coppola qui revient 45 ans après sa Palme d'or pour Apocalypse Now, mais aussi des débutants qui fouleront pour la première fois le tapis rouge du Palais des Festivals.
Louise Courvoisier n'est pas tout à fait une novice à Cannes : en 2019, elle a remporté le premier prix de la Cinéfondation avec son court-métrage Mano à Mano. Vingt Dieux est son premier long-métrage. C'est l'histoire de Totone, 18 ans, fils de paysan dans le Jura, qui doit du jour au lendemain s'occuper de sa petite sœur de 7 ans. Pour s'en sortir, il pense au fromage, persuadé qu'il peut gagner le concours du meilleur comté.
"J'ai l'impression qu'on joue notre vie à tous les instants"
Le 17 avril, six jours après l'annonce de sa sélection, elle peaufinait le son de son film. Dans une cabine de la société PolySon, dans le 20e arrondissement de Paris, avec son monteur son, elle écoute encore et encore des bruits que le spectateur perçoit à peine. Devant elle, les images du film, ici, une scène de vêlage : "C'était la vraie naissance d'un veau !" dit Louise Courvoisier, une séquence un peu documentaire, qui n'a duré que sept minutes, donc on n'a pas eu beaucoup le temps d'enregistrer des sons seuls. "Mais elle a été brave cette vache ! Elle s'appelle Paillette". Un nom prédestiné pour Cannes...
À côté de la réalisatrice, son monteur son Sandy Notorianni : "Quand on manque d'éléments pris sur le tournage, on ajoute des sons additionnels, pris sur le tournage, ou des bruitages ou encore pris dans une sonothèque partagée par de très nombreux monteurs dans le monde entier", explique-t-il. Perfectionniste, Louise Courvoisier estime que chaque étape est cruciale : "J'ai l'impression qu'on joue notre vie à tous les instants de la fabrication du film, en plus j'aime beaucoup le son."
Vingt Dieux, c'est une affaire de famille. Le film a été tourné avec des acteurs non-professionnels et des proches de la réalisatrice : "Ma sœur est chef décoratrice, mon frère chef constructeur, ma mère et mon autre frère ont composé la musique, qu'ils ont jouée avec mon père qui est aussi musicien." Louise Courvoisier voulait parler des gens qui vivent dans ce territoire du Jura, où la condition paysanne n'est pas toujours facile : "C'est une fiction ancrée dans son territoire, le fromage. Le comté est devenu personnage du film !"
"J'ai hâte de voir les comédiens monter les marches en tenue de soirée !"
La réalisatrice Louise Courvoisierà franceinfo
A trente ans, elle confie qu'elle ne s'imaginait pas faire du cinéma... et encore moins se retrouver à Cannes. Un destin qui doit pas mal au hasard : Louise Courvoisier voulait avant tout s'éloigner de ses prairies, de la campagne. "Je ne connaissais personne : je viens de la campagne profonde. C'est un peu un hasard : j'ai grandi dans le Jura, dans un petit village et j'avais envie de partir le plus loin possible. Et maintenant, j'ai envie de revenir. Pour aller à l'internat, j'ai choisi un lycée avec option cinéma. Puis j'ai intégré la Cinéfabrique à Lyon, j'ai senti que j'avais peut-être des choses à raconter et j'ai découvert la direction d'acteurs, ça s’est fait comme ça, un peu tout seul. Et c'est vrai qu'on ne nous donne pas forcément l'idée d'être réalisatrice de là d'où je viens. Mais je pense que c'est ça, aussi, qui donne une identité, savoir d'où on vient et ce qu'on a envie de raconter...", raconte-t-elle.
Vendredi 17 mai, Vingt Dieux sera projeté dans la section Un certain regard, avec, rituel oblige, la montée des marches sur tapis rouge, ce qu'attend avec impatience Lousie Courvoisier : "On ne pourra pas amener tout le monde, parce qu'on est nombreux, mais j'ai hâte de voir les comédiens en tenue de soirée !"
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