Ăquinoxe, Parti Pirate, Changer l'Europe... Ces "petits" partis qui se prĂ©sentent aux Ă©lections europĂ©ennes
"Est-ce que vous votez aux prochaines Ă©lections europĂ©ennes ?", demande, dans la rue, un bĂ©nĂ©vole du petit parti Ăquinoxe. Dans les sondages, il est toujours question des mĂȘmes partis : RN, Renaissance, PS, LR, EELV, LFI. Mais le 9 juin, date du scrutin des Ă©lections europĂ©ennes en France, ils ne seront pas les seuls Ă prĂ©senter 81 candidats pour Bruxelles. Les partis ont du 6 au 17 mai pour dĂ©poser leur candidature. Lors des prĂ©cĂ©dentes Ă©lections, il y avait au total 34 listes. Et en 2024, encore une fois, les Français auront le choix entre une multitude de possibilitĂ©s. Et ces "petits" partis suscitent l'intĂ©rĂȘt des Ă©lecteurs.
Un intĂ©rĂȘt que l'on constate sur le terrain avec le jeune parti Ăquinoxe, au cours d'un exercice incontournable : le tractage. Une vingtaine de bĂ©nĂ©voles quadrille les sorties du mĂ©tro prĂšs de l'HĂŽtel de Ville de Paris. Ils arrĂȘtent les passants, la mĂ©thode est bien connue mais semble fonctionner. "Ăa s'appelle Ăquinoxe. On est un jeune parti. On ne se reconnaĂźt plus dans les partis politiques traditionnels, on veut parler environnement, on veut parler dĂ©mocratie", expliquent les bĂ©nĂ©voles aux passants. "Ăa change des partis traditionnels", rĂ©agit une dame. "Je pense que les gens ont envie un peu aussi de renouveau. J'Ă©tais intĂ©ressĂ©e de savoir ce qui Ă©tait proposĂ©. J'ai un compte Instagram donc j'ai regardĂ©", explique-t-elle.
Climat, précarité et territoires pour se démarquer des partis traditionnels
CourtisĂ© par d'autres listes, plus expĂ©rimentĂ©es, Ăquinoxe a dĂ©clinĂ© les offres de ralliement. CrĂ©Ă© il y a trois ans, le parti est bien conscient que les 5% nĂ©cessaires pour obtenir un siĂšge Ă Bruxelles seront difficiles Ă atteindre, mais qu'importe pour la tĂȘte de liste Marine Cholley. "Notre objectif, c'est avant tout de faire parler des limites planĂ©taires. Avant toute, faire parler de sobriĂ©tĂ©, d'engagement, de convivialitĂ©. Ce sera dĂ©jĂ une rĂ©ussite", explique-t-elle.
Jean-Christophe Fromantin, le maire divers droite de Neuilly-sur-Seine, s'est lui aussi lancé dans la course aux cÎtés du sénateur du Tarn Philippe Folliot. Pour eux et leur liste Le Centre 2024, les débats actuels ne parlent pas assez des territoires et n'expliquent pas assez aux électeurs des enjeux de l'Europe. "On y va sans les grands partis, mais finalement on est désemparé par l'offre politique", explique-t-il. "Entre le souverainisme sous toutes ses formes, y compris trÚs populiste, et un centre droit qui n'est pas du tout décentralisateur, qui ne répond pas à cette idée de repartir des territoires. On s'est dit il faut y aller, on ne perd pas notre temps à transmettre des idées", poursuit Jean-Christophe Fromantin.
Les dĂ©putĂ©s europĂ©ens, pourtant Ă©lus avec des partis traditionnels, sont aussi tentĂ©s par plus de libertĂ©, comme Pierre Larouturou. En 2019, son parti Nouvelle Donne est associĂ© au PS et Place Publique, il remporte un siĂšge Ă Bruxelles. Mais cinq ans plus tard, il dĂ©cide d'y retourner seul avec le collectif Changer l'Europe. "On trouve qu'il n'y a aujourd'hui aucune autre liste qui fait des propositions concrĂštes pour faire baisser les loyers, faire reculer la prĂ©caritĂ©, capable de mettre 300 milliards sur la rĂ©novation thermique, sur les transports en commun, sur le climat", dĂ©taille Pierre Larouturou. "On voit plein de gens qui disent : 'Je ne pensais pas aller voter', en particulier des jeunes, 'et ce que vous dites ça m'intĂ©resse vraiment. Je vais aller voter et je vais mĂȘme vous aider Ă faire campagne'", assure-t-il. Les bĂ©nĂ©voles reprĂ©sentent d'ailleurs une aide importante, car les moyens ne sont Ă©videmment pas les mĂȘmes pour les petits partis.
Une campagne Ă moindre budget via les rĂ©seaux sociauxÂ
Ă la tĂȘte de Changer l'Europe, Pierre Larrouturou le reconnaĂźt : les moyens ne sont pas les mĂȘmes sans l'appui d'un gros parti, plus mĂ©diatique. Alors il faut innover, il multiplie par exemple les cafĂ©s citoyens, les projections et investit les rĂ©seaux sociaux. "J'ai fait un tweet sur la semaine de quatre jours qui a fait 4âŻ800âŻ000 vues", dit-il.
Facebook, X, Twitch : les canaux de diffusion sont nombreux. Chez Ăquinoxe, les militants l'ont bien compris. "Sur Instagram, dĂ©sormais, on a plus de 21âŻ000 personnes qui nous suivent. C'est plus que des partis historiques comme le PS, Europe Ăcologie Les Verts ou le Parti communiste français", s'enthousiasme une militante. "Et c'est une partie de notre stratĂ©gie. Ă dĂ©faut de passer dans les mĂ©dias, vous pouvez nous retrouver sur les rĂ©seaux sociaux", explique-t-elle.
Des réseaux sociaux sur lesquels Jean-Christophe Fromantin feuilletonne sa campagne, qu'il a décidé de faire à vélo, en traversant la France de Nantes à Strasbourg. Il s'agit, explique-t-il, de "faire vraiment la France à 20 kilomÚtres heure, avoir le temps d'écouter, passer des moments dans des cafés, rencontrer les élus le soir dans leur mairie, voir des agriculteurs, rentrer dans les entreprises".
Les bulletins, un coût non négligeable pour les petits partis
Au Parti pirate, la dĂ©cision de se prĂ©senter seul a Ă©tĂ© actĂ©e par le vote des militants. Mais la libertĂ© de ton impose des choix, reconnaĂźt sa tĂȘte de liste Caroline Zorn. "Nous avons aujourd'hui les moyens de mettre des bulletins dans six dĂ©partements", explique-t-elle. C'est en effet Ă la charge de chaque liste de fournir ses bulletins. Rien que pour ces six dĂ©partements, le Parti pirate devra dĂ©bourser 50 000 euros. "Donc on appelle effectivement les Ă©lecteurs, Ă©lectrices Ă se munir du bulletin de vote Parti pirate que l'on mettra sur le site Internet et de se rendre dans leur bureau de vote pour voter pirate. Ainsi, on n'a pas d'autre choix actuellement", poursuite Caroline Zorn.
"On imagine aisément les budgets colossaux que déploient les partis qui sont plus médiatisés que nous, ceux qui sont quasi-certain d'atteindre les 3 % qui leur permettront d'avoir un remboursement des frais. Et donc ça nous oblige à une sobriété certaine", explique Caroline Zorn. D'autres ont sorti les calculettes pour ne pas imprimer trop de bulletins. Ils ont pris par exemple en compte l'abstention, puisqu'en 2019 un Français sur deux ne s'était pas rendu aux urnes pour les européennes.
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