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Arrêt total des centrales à charbon en 2022 : une promesse d'Emmanuel Macron difficile à tenir

La sortie du charbon a débuté dès les années 1960 mais la France reste dépendante de cette énergie fossile pour absorber les pics de consommation électrique, notamment l'hiver.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La centrale à charbon de Cordemais, en Loire-Atlantique, alimente la Bretagne en électricité. (LOIC VENANCE / AFP)

Tourner définitivement la page du charbon semble plus difficile que prévu, alors que les députés doivent voter solennellement mardi 4 mai la loi Climat et Résilience. Pendant sa campagne et une fois à l’Élysée, le chef de l’État avait plusieurs fois répété que la France aurait fermé ses dernières centrales à charbon en 2022. Or malgré des avancées, cet objectif ne sera pas atteint.

Le charbon est un symbole de l'époque glorieuse de la France gaullienne et de son développement économique confiant. L’alliance des techniques et des énergies de pointe de l’époque nous permettait alors de nous chauffer et de nous éclairer grâce à un cocktail de charbon et de fuel. Depuis, la France a bien changé et la sortie du charbon a été enclenchée dès les années 1960. D’abord pour des raisons économiques, le pétrole étant plus intéressant. Puis, à partir de François Hollande, la lutte contre le réchauffement climatique a accéléré le processus, une centrale à charbon émettant huit à neuf fois plus de CO2 qu’une centrale nucléaire. Il y avait encore quatre centrales à charbon en France quand Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir.

L'est de la France achète à l'Allemagne

Ce chiffre a désormais été réduit de moitié : la centrale du Havre, qui appartient à EDF, a brûlé ses derniers stocks de charbon en mars 2021 avant d'être déconnectée du réseau. La seconde, à Gardanne, en Provence, est privée. Elle appartient au groupe Gazel Energie, du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Elle est aujourd'hui engluée dans un conflit social et également à l’arrêt depuis deux ans. Le groupe compte bien la remettre en marche mais le charbon laissera la place aux déchets de bois.

Quant aux deux centrales toujours en activité, on touche aux ambiguïtés de la sortie du charbon. À Saint-Avold, en Moselle, la centrale appartient aussi à Gazel Energie. Elle doit cesser son activité en mars 2022, selon l’engagement pris par Emmanuel Macron. Mais pour absorber les pics de consommation électrique hivernaux, l'est de la France se tournera vers l’Allemagne, qui produit en partie au charbon et avec notamment de la lignite, un charbon basse qualité, particulièrement polluant.

Sans charbon, la Bretagne serait sous-alimentée

À l'ouest, "on a besoin des centrales à charbon", résume Mathieu Pineau, délégué syndical CGT de la centrale de Cordemais en Loire-Atlantique. La Bretagne, à cause de son alimentation électrique fragile, est dépendante de Cordemais. Cette centrale pourrait donc continuer son activité après 2022 en s’alimentant en majeure partie avec des déchets de bois. Mais pour des raisons techniques, il faudra continuer d'utiliser au moins "1% de charbon", estime le syndicaliste.

La centrale pourrait donc jouer les prolongations jusqu’en 2026, mais personne ne sait ce qu'il adviendra ensuite, la loi Climat étant muette sur la question. Et c’est là le véritable problème selon Frédéric Amiel, de l’association Les Amis de la Terre, qui réclame une véritable planification : "S'il s'agit de brûler du charbon 400 heures par an pendant deux ou trois ans de plus, ce n'est pas ça qui fera la différence. Par contre s'il s'agit de repousser pour repousser, ça ne sert à rien", affirme-t-il.

Finalement, que la France sorte du charbon en 2022 ou en 2026 n’est sans doute pas la question la plus urgente car au niveau mondial, la production électrique au charbon se porte très bien. Peu coûteuse et facile d’accès, selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande pourrait augmenter de 60% cette année pour accompagner, une fois encore, comme après la Seconde Guerre mondiale, la reprise économique.

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