Retraites : Elisabeth Borne joue la suite de son mandat sur cette réforme
"Surtout, ne pas mettre de l’huile sur le feu" : voilà, en somme, le message que Matignon a fait passer au sein du gouvernement. À quelques jours d’une mobilisation que l’exécutif anticipe et décrit comme "importante", il y a du côté de la Première Ministre la volonté d’apaiser le débat et d’éviter faux pas et provocations. Car Élisabeth Borne est en première ligne : "Elle a mouillé la chemise", vante l’une de ses plus proches conseillères. Il faut bien voir qu’Élisabeth Borne est celle qui incarne depuis plusieurs semaines cette réforme, qui l’a façonnée quand les négociations avec les partenaires sociaux ne donnaient plus rien, qui, in fine, sera comptable du résultat.
Le gouvernement peut-il encore infléchir sa réforme ? Y a-t-il encore des marges de négociations ? Pénibilité ? Carrières longues ? Pour l’heure, en macronie, personne ne s’avance. L’exécutif considère qu’il a joué le jeu et que le projet présenté la semaine dernière est "juste, complet et presque abouti"…
Le risque d'être confronté à des manifestants qui n'ont pas envie de discuter
Ce "presque abouti" laisse penser que cette réforme pourrait bouger. Matignon répète que c’est désormais au parlement de la faire évoluer. Encore faudrait-il que le débat se déroule paisiblement dans l’hémicycle ce qui est loin d’être gagné. Officiellement, la mobilisation de jeudi n'inquiète pas plus que les précédentes. Beaucoup considèrent dans la majorité que jeudi sera l’occasion de réellement prendre le pouls de l’opinion publique.
En réalité, ce qui inquiète le plus, ce sont les mouvements autonomes qui s’organisent sur les réseaux sociaux. On en a déjà parlé ici, mais cette crainte est palpable y compris à Matignon. "Le risque est surtout d’avoir des gens qui n’ont pas envie de discuter", s’inquiète ainsi un conseiller.
Cette semaine, Élisabeth Borne joue-t-elle la suite de son mandat ? Si le pays s’embrase au point que le gouvernement est obligé de reculer, elle ne tiendra pas longtemps, mais pour le moment, pas de remaniement en vue. À part ceux qui rêvent de prendre son poste, aucun ministre ne remet en question la manière dont Élisabeth Borne gère cette réforme.
Mieux, en privé, ils sont nombreux au sein du gouvernement à reconnaître sa capacité à tenir au prix parfois de sérieux recadrages quand elle n’est pas contente. Il faut que ça file droit, mais un membre du gouvernement le théorise : "Si ça passe, elle deviendra intouchable".
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