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Réforme des retraites : les ministres issus de la société civile vont-ils être les premières victimes d'un prochain remaniement ?

Malgré le rejet de la motion de censure, la question d’un remaniement reste sur la table. Les ministres "société civile" risquent d’en être les premières victimes. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Elisabeth Borne, le 7 mars 2023, à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)

Il y a deux constats au sein de l’exécutif. Le premier : il va falloir tirer les conséquences de la gestion de la réforme des retraites. "Il faut redéfinir les priorités et changer d’équipe", théorise un conseiller. L’idée d’un remaniement, à court terme, monte de plus en plus : "8 à 9 chances sur 10", pronostique un ministre de Bercy.  

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Le deuxième constat : c’est que le gouvernement n’a pas su vendre cette réforme. A priori, Élisabeth Borne n’est pas menacée pour l'heure, mais il se dit que le gouvernement ne serait pas assez efficace. "Pas assez politique" est le mot qui revient souvent. Une manière de dire : pas assez expérimenté, pas assez rompu aux jeux et aux pièges du pouvoir, pas assez stratège. Un constat qui émane principalement de ministres dits "politiques", ceux qui connaissent les ficelles depuis longtemps et qui ne se gênent pas pour charger leurs collègues issus, eux, de la société civile. 

Les ministres "politiques" veulent reprendre la main

Cette touche société civile, c’était pourtant la marque du Macronisme. Enfin, surtout du premier quinquennat. Aujourd’hui, les politiques de carrière pensent à l’après-Macron et veulent reprendre la main. Et les députés ambitieux trépignent aussi. Dans leur bouche, les fautifs présumés se nomment donc Eric Dupond-Moretti, Pap Ndiaye, François Braun, Agnès Pannier-Runacher ou encore Jean-Christophe Combe.  

Chacun jugera si cela est justifié, mais, malgré parfois leurs compétences sur le fond des dossiers, ces ministres "société civile" du gouvernement d'Élisabeth Borne sont accusés de ne pas suffisamment incarner. Face à une opposition justement très politique, souvent bruyante, ils ne pèseraient pas assez pour s’imposer.

"Des techniciens, ça marche en majorité absolue", tacle un conseiller. "Il faut nettoyer le gouvernement", se permet même un député Renaissance. Des critiques, alors que les quelques lois qui sont passées depuis juin, sans 49.3, ont souvent été négociées par des ministres "société civile". 

Le poids politique pèse souvent plus lourd que l’expertise

Et aujourd'hui, ces derniers ne préparent pas encore leurs cartons, mais beaucoup sont amers. Comme ce ministre qui confiait récemment : "C'est paradoxal de demander aux gens de crever l’écran sans leur en donner les moyens". Ou encore cette autre ministre qui rappelle que cela fait des années qu’elle se déporte de tous les sujets qui touchent de près ou de loin à son ancienne vie professionnelle. Au cas où elle devait y retourner du jour au lendemain.  

Cette petite musique anti-société civile, c’est l’illustration d’un exécutif où seuls quelques ministres existent. Des ministres très politiques et très médiatiques, tels que Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Gabriel Attal ou Olivier Véran. Un exécutif où seules les mesures incarnées par le Président trouvent de l’écho. Alors, évidemment, dans ce contexte, le poids politique pèse souvent plus lourd que l’expertise. 

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