Réforme des retraites : le gouvernement compte et recompte les voix LR
"Ça va se jouer à quatre ou cinq voix près et c’est très dangereux" : avertissement d'une importante cadre macroniste. On l’oublie souvent mais la politique, c’est aussi de l’arithmétique. Le 26 mars au plus tard, le projet de loi retraites va revenir devant les deux Assemblées pour un vote solennel. Chaque voix comptera. Car avec environ 250 députés, la macronie a besoin de renforts.
À l’Assemblée, la majorité est à 289 voix mais ce seuil peut se réduire s’il y a des absences et surtout des abstentions. Au sein de l’exécutif, on considère donc qu’il faut 35 à 40 voix de droite pour que cela passe mais ce chiffre est loin d’être assuré. Alors la macronie compte, recompte et recompte encore.
On compte à la présidence de l’Assemblée, à l’Elysée, à Matignon, au ministère du Travail. Chacun tient des tableaux : qui vote pour, qui hésite, qui peut basculer, qui peut influencer les autres, qui pourrait s’abstenir... En vocabulaire macroniste on appelle ça du "reporting". Mais un conseiller prévient : "Un tableau c’est bien, mais l’important c’est de faire bouger les gens d’une case à l’autre."
Aller jusqu'au vote ou utiliser le 49-3 ?
Il faut donc convaincre et là, un tableau excel ne sert plus à rien. Quand un élu est perçu comme hésitant, les conseillers s’activent. Rien qu’au ministère des Relations avec le parlement, ils sont douze ! Rencontres discrètes, sms, coups de téléphone... Un lobbying actif mené aussi par les ministres Dussopt et Riester, fins connaisseurs du parlement. La règle, c’est le secret des tractations mais à la fin, ces données remontent à Matignon où des stratèges sont censés prendre la main. Quelles propositions garder ? Sur quoi faut-il lâcher ? Qu’est-ce qui rapporterait des voix ?
Il est encore trop tôt pour dire si cela fonctionne. Sur les 61 députés LR, il y en aurait une dizaine plutôt contre. Une vingtaine hésiterait mais pourraient-ils s’abstenir ou finalement voter pour ? "Ça change tous les jours", reconnaît un élu.
À droite aussi, on tient des tableaux. Un nouveau décompte est prévu mardi prochain avant Commission mixte paritaire. "L’exécutif ne prendra pas le risque d’un vote s’ils ne sont pas sûrs", prévient un cadre Les Républicains.
Car pour en revenir à la question de départ : y aura-t-il une majorité ou faudra-t-il passer en force avec un 49-3 ? La réponse est peut-être dans l’un de ces tableaux. Alors la macronie compte et recompte et recompte encore...
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.