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Présidentielle 2022 : le désarroi des maires de gauche face à la dispersion des candidats dans leur camp

À trois mois de la présidentielle, la gauche est toujours aussi divisée avec au moins six candidats importants. Une situation qui inquiète les maires de gauche qui doivent parrainer l'un ou l'une de ses candidates. Dans le contexte actuel, ils ont le blues.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Christiane Taubira. (JULIEN DE ROSA / Anne-Christine POUJOULAT / Alexis Sciard / AFP / MAXPPP)

"J'ai apporté ma signature à Anne Hidalgo par facilité, mais à 3%, il faut reconnaître que la machine politique du PS est morte." Ce constat cruel, c'est le maire socialiste d'une petite ville de province qui l'a confié à franceinfo, mercredi 5 janvier. Un maire qui demande à rester anonyme mais qui exprime un sentiment que plusieurs élus nous ont dit ressentir : 2022, ils n'y croient plus.

Et les mots sont durs : beaucoup parlent de "tristesse", "d'abandon", dénoncent "l'irresponsabilité des partis". Même une maire de grande ville, proche d'Anne Hidalgo, fait part en privé de son "atterrement". "J'ai peur qu'il faille faire l'impasse sur 2022", décrypte un autre élu de gauche, dépité. Beaucoup se mettent donc en retrait et se focalisent sur leurs dossiers locaux.

Dispersion et manque d'anticipation

Quel est le problème selon ces maires de gauche ? La dispersion et le manque d'anticipation. Un conseiller territorial résume ainsi la situation : "Les grands partis de gauche ne jouent plus la victoire, ils jouent leur survie." Au contact de leurs administrés, ces élus ont la dent très dure. Ils dénoncent Anne Hidalgo jugée trop parisienne, Jean-Luc Mélenchon ambigu sur la politique internationale, Yannick Jadot sans dynamique. Et Christiane Taubira ne résout pas le problème selon eux : tous s'interrogent sur ce que porte l'ancienne ministre, qui recueille 2,5% des votes des suffrages selon le baromètre Ifop-Fiducial pour LCI.

Ces maires de gauche en retrait attendent donc que l'élection présidentielle passe. Même si quelques-uns ont déjà choisi de partir plus ou moins discrètement, de quitter les rives de la gauche pour les terres du macronisme. Des élus emblématiques comme Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois. Au sein de la majorité présidentielle, c'est le parti Territoires de Progrès, l'aile gauche de la macronie, qui entretient les contact avec les élus de gauche. Même si certains se laissent encore désirer. C'est le cas du maire de Dijon, François Rebsamen, ancien ministre de François Hollande qui a multiplié les gestes vers Emmanuel Macron. "Rebs va basculer, c'est sûr", croit savoir un proche du président de la République.

Mais n'allez pas croire qu'Emmanuel Macron attire tous les maires socialistes déçus, loin de là. La plupart n'ont pas abandonné leurs idéaux et c'est tout leur drame actuellement. Très courtisés, ils ont tous sur leur bureau une pile de demandes de parrainages pour 2022. Beaucoup hésitent et certains affirment qu'ils ne parraineront personne.

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