"Pass sanitaire" : le gouvernement prudent, la majorité perplexe
Emmanuel Macron a réuni mercredi Jean Castex et les ministres concernés pour étudier les contours d'un "pass sanitaire" pour une réouverture des lieux publics
Qu’y a-t-il derrière l’idée de "pass sanitaire" lancée par Emmanuel Macron ? Une réunion de calage s'est tenue mercredi 3 mars au soir et à ce stade, le gouvernement a plus de questions qu’il n’a de réponses. D’abord, ce que l’on sait : on parle d’un pass qui donnerait accès à certains lieux, à condition de montrer patte blanche. Il serait assorti d'informations comme les jauges dans les lieux culturels par exemple, et le fameux QR code pour faciliter le traçage des cas contacts au restaurant.
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Cela se complique quand on va dans le détail. "Chaque point qu’on regarde soulève mille questions" reconnaît un conseiller : on évoque une application sur téléphone portable, mais comment faire pour les Français qui n’en ont pas ? Cela parait simple mais c’est un potentiel casse-tête.
Autre interrogation : on y met quoi, dans ce pass ? Le gouvernement travaille pour l’instant sur les tests PCR négatifs : le certificat de vaccination, ce sera pour plus tard… Mais quid de ceux qui ont déjà eu le Covid-19 ? Pas de réponse pour l’instant. Il faudra aussi définir la responsabilité de chacun : si vous allez au restaurant sans montrer votre pass, est-ce par exemple le restaurateur qui est responsable ou est-ce le client ? Le cas échéant, quelle amende ? Et puis une question majeure : le pass sanitaire sera-t-il obligatoire ? L’idée de devoir répondre à cette question fait frémir certains macronistes.
Vers un débat au Parlement
Le gouvernement sait qu’il s’engage sur un sujet très sensible. L’urgence est de ne pas allumer d’incendie, la majorité elle-même est perplexe sur la faisabilité du dispositif. Le gouvernement envisage donc un débat au Parlement, probablement avec un vote, selon une source parlementaire. L’idée d’un comité de liaison fait aussi son chemin, avec des parlementaires de tous bords d’un côté, des ministres de l’autre, pour que l’exécutif puisse régulièrement faire état de l’avancée de sa réflexion.
Car on parle libertés fondamentales, données de santé… pas vraiment des petits sujets. Enfin, en cas d’obligation d’avoir le pass sanitaire, il faudra sans doute en passer par la loi. Le gouvernement le sait, il marche sur des braises, face à des oppositions parfois très frileuses. Commentaire d’un conseiller : "Il faut que notre projet soit très bien calibré, sinon on va s’en prendre plein la figure".
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