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Motion de censure : non, la Nupes n'a pas modifié son texte pour s'assurer le soutien du RN

C'est pourtant ce qu'affirment des membres de la majorité, et même certains socialistes.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les rangs de la gauche à l'Assemblée nationale, lors de la discussion sur la motion de censure déposée par la Nupes, le 24 octobre 2022 (TERESA SUAREZ / EPA)

Nous avons pu consulter hier plusieurs versions de travail annotées de cette motion de censure, sans jamais y trouver les mots "immigration" ou "migrants", à aucun moment, dans aucune version. Le texte n’a donc pas été modifié ou réécrit pour draguer le RN, contrairement aux rumeurs qui circulent depuis trois jours et contrairement surtout à ce que prétendent plusieurs socialistes en guerre contre la Nupes, et des membres du gouvernement.

Un débat a bien eu lieu sur la stratégie à adopter, entre les présidents des groupes de gauche, mais sans trace écrite. Certains, à ce moment-là, ont plaidé pour que le texte soit moins consensuel, pour lui donner un effet repoussoir et rendre impossible un soutien du RN. "On s’est battu pour aller le plus loin possible", affirme un socialiste, qui regrette de ne pas avoir été assez "vigilant" pour éviter le piège politique tendu par Marine Le Pen.

Des fractures au sein de la Nupes

L’épisode cristallise les tensions autour de l’alliance, déjà fragilisée par les affaires Quatennens et Bayou. Il met aussi en lumière deux visions : celle de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui ne retient que les 50 voix manquantes pour renverser le gouvernement, et ne s’offusque pas que le RN ait voté cette motion de censure ; et celle de certains écologistes et d’une grande partie des socialistes, gênés aux entournures : "Les insoumis jouent la crise de régime, nous on ne joue pas la politique du pire", nous confie l’un d’eux.

Pour la suite, "on ne va pas se ridiculiser avec un cirque à chaque fois", espère un élu socialiste alors que les recours au 49.3 vont se multiplier dans les prochaines semaines. Mais le jeu à la Nupes devrait encore se durcir, dans le contexte du Congrès des Verts, des communistes mais surtout du PS : "Le premier qui rompt avec l’alliance sera très affaibli", nous confiait un cadre de LFI il y a quelques jours, presque comme une mise en garde.

La majorité sommée de faire des excuses

Mais les macronistes persistent, dans la foulée de la colère d’Emmanuel Macron mercredi soir, dénonçant le cynisme de la Nupes. "Cela nous permet toujours de les mettre en cause", assume un macroniste. 

En toile de fond : l’idée, défendue à tous les étages de la Macronie, qu’il existe "un arc politique" entre extrême droite et extrême gauche. Et que c’est cette alliance de circonstance qui pourrait – tôt ou tard – les mener au pouvoir.

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