Législatives 2022 : après l'accord avec La France insoumise, les dirigeants écologistes se font discrets
À gauche, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) s’organise en vue des législatives. Mais quelques jours après cet accord qualifié d’historique, tout n’est pas réglé en coulisses, notamment chez les écologistes.
Officiellement, à Europe Ecologie-Les Verts, tout va bien : "Les négociations avec La France Insoumise n’ont pas été marquées de dissensions particulières", affirme un pilier d’EELV. "Tout le monde joue le jeu", plaide une élue locale écologiste. "Lors d’une réunion en début de semaine sur le matériel électoral, même les proches de Jadot voulaient Mélenchon sur leurs tracts", renchérit un cadre.
Les négociations pour obtenir cet accord ont été difficiles, mais si vous écoutez la direction du parti, c’est déjà du passé. "On a même réussi à infléchir le discours des insoumis sur l’Europe", veut croire une eurodéputée. Même du côté des Insoumis, on applaudit : "Julien Bayou a été courageux, ce n'était pas évident en interne", affirme l’insoumis Manuel Bompard.
Le silence de Yannick Jadot
Le candidat malheureux à la présidentielle n’avait pas de mots assez durs à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne, et étrillait l’idée d’une participation à l’Union Populaire. Depuis plusieurs jours, c'est silence radio. Tout juste un retweet où l’on trouve un discret "Votez Nupes". "Il ne faut pas voir ce silence comme une défiance", plaide un proche de l’ancien candidat.
Des proches ont parfois payé cher leur proximité. Alexis Braud, bras droit de Yannick Jadot, a été écarté de la circonscription qu’il convoitait dans les Hauts-de-Seine. Autre disparue : Delphine Batho, de Génération Ecologie, désavouée par son propre mouvement qui a approuvé le deal avec les Insoumis, un accord qu’elle avait elle-même dénoncé. Elle sera finalement bien candidate Nupes, mais se fait discrète. Pour l’heure, seuls les écologistes qui trouvent leur compte dans cet accord donnent de la voix.
Embûches et chausse-trapes
Certains avaient prédit l’explosion du parti après la présidentielle, entre la ligne Yannick Jadot, plus libérale, et la ligne Sandrine Rousseau, plus radicale. Pour l’instant, cela tient... Mais les prochains mois seront semés d’embûches et de chausse-trapes. C’est un conseiller insoumis qui explique le mieux pourquoi : "Personne n’a intérêt à sortir les couteaux avant le résultat des législatives." Ce sont les urnes qui diront si la stratégie a été la bonne.
Pour la suite, personne n’ose encore se projeter : comment ce nouvel ensemble politique cohabitera-t-il à l’Assemblée ? En coulisses, les plus sceptiques imaginent que cette alliance ne tiendra pas longtemps, avec la perspective des prochaines élections européennes où les écologistes voudront reprendre leur indépendance.
Plus proche de nous, il y a le congrès, où certains comptes vont se régler. Comme le regrette un député, un peu résigné : "Ils vont être 'à la mort', comme d’habitude… Les écologistes perdent toujours de l’énergie à s’entre-tuer."
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