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Le brief politique. François Fillon, le jour d'après

Après sa victoire à la primaire de la droite dimanche, François Fillon doit poser les jalons d'un gouvernement futur. Pendant ce temps, la gauche se déchire... et François Hollande pourrait très rapidement se déclarer candidat à une primaire rabougrie.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Dagnet, Yaël Goosz
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
François Fillon, le 27 novembre 2016, après sa victoire au second tour de la primaire de la droite (THOMAS SAMSON / AFP)

Une victoire par KO. François Fillon a remporté la primaire de la droite dimanche 27 novembre. Il a rassemblé plus de 66% des voix au second tour, contre seulement 33,5% à son rival Alain Juppé.

À droite, poser les jalons d'un futur gouvernement

Le tout frais vainqueur de la primaire réunit son équipe dès lundi. "Le plus dur commence", estime Bruno Retailleau, l'un des piliers du clan Fillon : "Celui qui remporte la primaire doit proposer, ou pas, une nouvelle organisation du parti. Ces décisions seront prises rapidement."

Il faut jeter les fondations pour les présidentielles

Bruno Retailleau, soutien de François Fillon

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Bruno Retaillau évoque en filigrane l’épineuse question de la future direction du parti Les Républicains. Laurent Wauquiez, qui assure la présidence par intérim, veut rester. Mais le sarkozyste n’est pas en odeur de sainteté dans le clan Fillon.

Se pose également la question du futur gouvernement potentiel. Le vainqueur s’est engagé à désigner ses principaux ministres juste après la primaire. Il a dit vouloir ouvrir son gouvernement à la société civile. François Fillon devra également accorder des places aux sarkozystes et aux juppéistes. Plusieurs noms circulent pour le poste de Premier ministre : celui du filloniste Bruno Retailleau, celui du sarkozyste Éric Woerth, ou encore celui du président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.

Au(x) centre(s), l'embarras

Hervé Morin, le président du Nouveau Centre, avait soutenu François Fillon. Jean-Christophe Lagarde, le président de l'UDI, avait soutenu Alain Juppé... tout comme François Bayrou, désormais libéré de tout engagement. Le score fleuve de François Fillon, véritable plébiscite en faveur d'un projet très libéral, n'est pas forcément une bonne nouvelle pour l'UDI.

Jean-Christophe Lagarde va saisir dès mardi les instances du parti pour ouvrir une négociation sur un contrat de législature : trouver des compromis sur l'école, la santé, l'environnement ou encore la Sécurité sociale. Restent également 80 circonscriptions où le président de l'UDI espère pouvoir négocier des places en vue des élections législatives.

À gauche, François Hollande pourrait bientôt sortir du bois...

Coup de théâtre à gauche. Dimanche, Manuel Valls a lancé un défi à François Hollande dans une interview au JDD. Il laisse entendre qu’il est prêt à se présenter à la primaire de la gauche... contre le président de la République ! Le Premier ministre a provoqué une belle panique : la rumeur de sa démission a circulé un moment avant d’être finalement démentie par l’Elysée.

La défiance est maximale. Manuel Valls ne veut plus attendre que le maître des horloges ait parlé. On attend désormais une réaction de François Hollande. Si le président renonce à la primaire de la gauche, il se prive d'une chance unique de défendre le bilan de son quinquennat. Mais s'il y va, c'est peut-être pour perdre... Quel est le moins pire des remèdes ? La question de la candidature de François Hollande pourrait se décanter dès lundi.

Lance-toi lundi. C'est le seul moyen de répondre à Fillon et à Valls

Une ami proche de François Hollande

s'adressent au chef de l'État

... pour une primaire rabougrie

Pendant que la droite se choisissait son vainqueur, pendant que François Hollande et Manuel Valls hésitaient, les pions ont bougé à gauche. Samedi, les communistes ont apporté leur soutien à Jean-Luc Mélenchon. Quant aux radicaux de gauche, ils ont décidé de présenter leur propre candidate, l’ancienne ministre Sylvia Pinel

Ajoutons à cela la candidatude écologiste de Yannick Jadot... Les candidats hors primaire se multiplient, diminuant ainsi les chances de la gauche d'être répresenté au second tour de la présidentielle. D'autant que dimanche soir, Emmanuel Macron a tendu la main aux électeurs d'Alain Juppé, espérant rafler la mise au centre... tandis que François Bayrou hésite encore à se présenter contre François Fillon.

J'appelle tous ceux qui sont progressistes de droite à nous rejoindre

Emmanuel Macron

à l'attention des supporters d'Alain Juppé

La note du brief

C'est un 6/20 pour Claude Bartolone. Le président de l'Assemblée nationale, quatrième personnage de l'État, a déclaré samedi imaginer Manuel Valls et François Hollande s'affronter dans une même primaire, provoquant ainsi une crise à la tête de l'État. Une déclaration assez irresponsable.

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