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Grève de la faim pro-migrants à Calais : le gouvernement entre deux écueils

Retour à Calais pour le médiateur du gouvernement. Didier Leschi, qui est aussi directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, doit faire des propositions pour que cesse la grève de la faim de trois militants pro-migrants.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les trois grévistes de la faim, le prêtre Philippe Demeestere, Anaïs Vogel et son compagnon Ludovic Holbein, le 27 octobre 2021 dans l'église Saint-Pierre de Calais (Pas-de-Calais) (MATHIEU PATTIER / MAXPPP)

Le dossier est sensible. Davantage encore à l'approche de la présidentielle. D'un côté, la ligne rouge fixée par le ministère de l’Intérieur : ne pas laisser se reconstituer des jungles ou des points de fixation de migrants. De l’autre, un prêtre âgé de 72 ans et deux militants associatifs, qui ont entamé une grève de la faim le 11 octobre pour réclamer précisément que les camps ne soient plus démantelés.

Au milieu se trouve Didier Leschi, directeur général de l'OFII, missionné par le gouvernement pour faire converger les positions. Un acteur local, fin connaisseur du dossier, craint qu’il n’y ait aucune possibilité d’accord.

Deux propositions

Dans La Croix ce mardi, Didier Leschi avance pourtant deux propositions. D'abord que cessent les évacuations par surprise, que les personnes soient prévenues en amont et qu’elles disposent de 45 minutes pour ramasser leurs effets personnels. Insuffisant pour les associations, qui campent sur leur revendication initiale : que cessent les évacuations. Deuxième proposition de Didier Leschi : que les migrants, un peu plus d’un millier, se voient proposer des solutions d’hébergement en dehors de Calais. C’est le point de blocage, le DG de l'OFII le reconnaît lui-même.

Les grévistes de la faim comme les associations répondent : vous ne pouvez pas forcer des gens à être hébergés en dehors de Calais, alors qu'ils sont précisément là pour tenter la traversée de la Manche. Ce sont en majorité des Afghans, des Syriens, des Soudanais, des Érythréens, non expulsables parce que leur pays d’origine n‘est pas sûr. Ils ne parlent pas français et rêvent de rejoindre une Grande-Bretagne où ils ont un contact, des proches, un point de chute...

Place Beauvau, discrétion sur le dossier mais vigilance

Le gouvernement, pour l'heure silencieux sur la situation à Calais, y accorde en coulisses une vigilance toute particulière. "Leschi rend compte en permanence au ministère de l’intérieur", confie un acteur. Car au-delà de la mise à l’abri des migrants, l’exécutif a deux sujets : d'abord le curé, "prêt à mourir de faim dans son église", à en croire un élu local. Imaginez alors l’émotion suscitée… Ce même élu n’exclut pas "que le préfet prenne un ordre d’hospitalisation d’office avec pose d’intraveineuse pour le nourrir de force".

Deuxième sujet : la politisation de l’enjeu. Le député Insoumis du Nord Adrien Quatennens s’est déjà rendu à Calais ce week-end pour voir les grévistes de la faim. "Gérald Darmanin a surtout un problème avec Natacha Bouchart, la maire Les Républicains de Calais", croit savoir un connaisseur. "Darmanin veut s’éviter un procès en faiblesse d'une élue de droite, qu’elle l’accuse de laisser se reconstituer une jungle." "C’est pour ça que Didier Leschi a été missionné, rebondit un parlementaire. Pour montrer que le gouvernement agit, sans s’exposer en direct."

Didier Leschi est un haut fonctionnaire, ancien préfet, qui a pratiqué les cabinets ministériels… Le profil idoine pour comprendre les contraintes politiques sans en faire lui-même. 

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