Gabriel Attal au bowling d'Orléans : comment les ministres tentent de garder le lien avec la population

"Pendant des années j’ai organisé des déplacements 'Disney', totalement aseptisés". Cet aveu émane d’une ancienne cheffe de cabinet qui organisait pour un important ministre des rencontres très protocolaires avec le préfet, des fonctionnaires triés sur le volet, pas l’ombre d’une manif, aucune contrariété… "Il fallait que ca soit propre", regrette-t-elle aujourd’hui.

Être coupé de la réalité du terrain, c’est un risque pour tout responsable politique et à chacun ses trucs pour prendre le pouls de la population. Hier, on apprenait sur franceinfo que Pap Ndiaye déjeunera une fois par mois avec des personnels de l’Éducation nationale de toute la France. Les ministres qui sont d’anciens élus maintiennent souvent leurs habitudes dans leur fief : le marché du samedi matin à Vernon pour le ministre de la Défense Sébastien Lecornu ou des inaugurations à Coulommiers pour le ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester. Des moments de proximité où la parole est plus libre. "Des capteurs importants", revendiquent-ils en privé…  

Certains poussent l’idée un peu plus loin. Selon les informations de franceinfo, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a dîné le 5 septembre avec un groupe de Français au bowling d’Orléans. Une soirée sans micro ni caméra avec un chef d’entreprise, une infirmière ou encore un étudiant. Des Français qu’il avait déjà rencontrés après le Covid-19.

Emmanuel Macron n'avait pas vu monter la colère des "Gilets jaunes" 

Le résultat des échanges ne va pas forcément dans le sens du gouvernement. Contrairement à l’exécutif, ces citoyens étaient tous favorables à une taxe sur les superprofits. Ils avaient aussi l’impression de ne pas avoir eu de baisses d’impôts. De quoi chatouiller les oreilles du ministre dont c’est la principale promesse. Gabriel Attal organisera discrètement un nouveau dîner avec des Français avant la fin de l’année

Mais parler aux Français n’est pas une science infaillible. La lenteur de la réponse du gouvernement sur la crise du carburant est l’illustration de la difficulté d’être connecté aux préoccupations du terrain. Autre exemple : début novembre 2018, Emmanuel Macron en "itinérance mémorielle" à Charleville-Mézières. Le président fait arrêter son cortège pour parler à des Français. Echanges houleux : "Macron démission, attendez le 17 novembre vous allez comprendre !" lui avait hurlé un homme très en colère.

« Macron démission... » « vous êtes en escroc... » « vous ne tiendrez pas 5 ans » « attendez le 17 nov vous allez comprendre »... Macron se fait tancer par des passants, le PR tente de répondre à chacun #itinerance pic.twitter.com/G5z1wRSAbP

— Jean-Rémi Baudot (@jrbaudot) November 7, 2018

Ce jour-là, personne ne l’avait compris mais c’était une mise en garde avant le 1er acte des "Gilets jaunes". Dix jours plus tard la colère explosait. On connaît la suite.