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Matignon face à la fronde d'une partie du gouvernement aprÚs avoir demandé des économies dans les ministÚres

La PremiĂšre ministre demande Ă  son gouvernement de se serrer (un peu) la ceinture. Elisabeth Borne rĂ©clame 5% d’économies dans les ministĂšres. L'initiative fait grincer des dents.
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Gérald Darmanin et Elisabeth Borne à Paris le 20 février 2023, lors d'une réunion du parti Renaissance (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Une lettre datĂ©e du mois d’avril, envoyĂ©e par Matignon, demande Ă  tous les ministĂšres de rĂ©duire de 5% leurs dĂ©penses. Un effort budgĂ©taire qui ne concerne ni les aides distribuĂ©es ni les salaires des fonctionnaires mais qui doit permettre de dĂ©gager sept milliards d'euros de financements supplĂ©mentaires pour la transition Ă©cologique.  

Techniquement il ne s'agit pas de coupes budgĂ©taires, presque tous les ministĂšres ont d'ailleurs eu des hausses de budget cette annĂ©e. La cheffe de l’exĂ©cutif demande plutĂŽt Ă  ses ministres de vĂ©rifier que toutes les dĂ©penses sont utiles et de rĂ©attribuer ce qui ne l’est pas. 

GĂ©rald Darmanin refuse, Matignon ne lĂąche pas

Une demande de rigueur budgĂ©taire qui, en coulisses, Ă©tonne et dĂ©tonne.  À part en 2018 oĂč le dĂ©ficit est briĂšvement repassĂ© au-dessus des 3%, Emmanuel Macron ne s’est jamais rĂ©ellement illustrĂ© par sa volontĂ© de tailler dans les budgets. La croissance de l'Ă©conomie a toujours Ă©tĂ© vue comme un moyen de compenser les hausses de dĂ©penses. Plus compliquĂ© : des "Gilets jaunes" au "Quoi qu’il en coĂ»te", l’habitude a Ă©tĂ© prise d’actionner la dĂ©pense publique pour rĂ©pondre Ă  des situations politiques exceptionnelles. Faire attention Ă  ses dĂ©penses, c’est donc plutĂŽt nouveau en Macronie.

Cela explique le scepticisme de certains ministres. "En temps normal, le prĂ©sident n’est pas si sensible Ă  la dĂ©pense publique", raille un important ministre. "5% c’est impossible", s’étrange un pilier de la Macronie avant de tacler : "Dans un contexte d’inflation on ne va quand mĂȘme pas rĂ©duire les dĂ©penses militaires, de justice ou d’éducation." La palme revient probablement au ministĂšre de l’intĂ©rieur : on apprenait cette semaine dans Le Canard EnchaĂźnĂ© que GĂ©rald Darmanin a refusĂ© la demande de la PremiĂšre ministre, se rĂ©fugiant derriĂšre sa loi de programmation. Information confirmĂ©e par franceinfo.

Un bras de fer Ă©videmment plus politique que budgĂ©taire, pas vraiment du goĂ»t de la PremiĂšre ministre qui ne semble pas disposĂ©e Ă  dispenser GĂ©rald Darmanin de faire des efforts. "Peut-ĂȘtre qu’on n'a pas Ă©tĂ© assez explicite sur le fait qu’une loi de programmation ne dispense pas les ministres de rĂ©flĂ©chir aux Ă©conomies possibles", souligne-t-on Ă  Matignon.

ArrĂȘter d'utiliser la dĂ©pense publique pour rĂ©pondre aux problĂšmes politiques

Cette nouvelle course aux économies, c'est le signe que les budgets ne sont pas extensibles et que la stratégie de toujours répondre aux problÚmes par de nouvelles dépenses ou de nouveaux chÚques a ses limites. 

À Bercy, oĂč l’on garde un Ɠil sur notre dette (3 000 milliards d’euros), on appelle tout le monde Ă  la responsabilitĂ©. "De la droite Ă  la gauche, personne ne propose de rĂ©duire la dĂ©pense publique", s’alarme un proche de Bruno Le Maire.  Avant de conclure : "Fitch, c’était un petit avertissement. D’autres agences vont finir par nous dĂ©grader et on va se rĂ©veiller avec la gueule de bois."

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