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Elections régionales : la gauche peine à s’accorder sur l’idée de "barrage républicain"

Faut-il empêcher le Rassemblement national de gagner des régions en retirant sa liste au second tour ? La gauche est divisée sur le sujet.

Article rédigé par franceinfo - Neila Latrous
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un bureau de vote à Niort (Deux-Sèvres) lors du premier tour des élections municipales, 15 mars 2020. (NOÉMIE GUILLOTIN / FRANCE-BLEU POITOU)

Se retirer au second tour dans les régions où les listes du Rassemblement national peuvent gagner, c'était une évidence en 2015, ça l'est beaucoup moins désormais à gauche. Anne Hidalgo juge que “ce front doit exister quel que soit le candidat républicain en capacité de faire échec au RN”. "Faire barrage", c'est aussi la ligne de l'état-major du Parti socialiste et d'Europe Ecologie-Les Verts.

Sauf qu'il y a l'échelon national et il y a l'échelon local. Et les candidats dans les Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur, les deux régions à risque, n’ont aucune envie de rejouer le scénario de 2015 : s’effacer pour faciliter la victoire de la droite face au RN. Ça va être compliqué pour les partis, depuis Paris, de leur forcer la main ?

Un retrait au second tour aura-t-il encore un effet dans les urnes ?

Dans le nord comme dans le sud, les élus font valoir que le retrait ne fait plus barrage. Qu'il n'empêche pas la progression électorale du Rassemblement national, qui cinq ans plus tard, aborde toujours le scrutin en position de force. "La gauche, elle, a été rayée de la carte", tonne un baron socialiste. Il estime que faire élire des conseillers régionaux, c’est un élément de reconstruction du parti, en permettant de faire émerger de nouveaux talents.

Deuxième argument : "Ce qui change la donne par rapport à 2015, c'est qu'une partie de la droite flirte désormais avec l’extrême-droite", dit une responsable. Pour elle, le retrait n'aura aucun effet dans les urnes, si les électeurs de gauche ne suivent pas, s'ils refusent de voter Xavier Bertrand ou Renaud Muselier face au RN.

"Accord technique, plutôt que "barrage républicain"

Mais la gauche n'est pas prête à laisser filer deux régions aux mains du RN. Oubliez le terme "barrage républicain", retenez ces deux autres mots : "accord technique." En quoi ça consiste ? Prenons l'exemple des Hauts-de-France. Une gauche à 17% au premier tour. Cette liste proposerait son soutien à Xavier Bertrand si et seulement si il accepte de lui accorder 17% des places éligibles sur sa liste à lui. Donc ça revient à une fusion droite / gauche. Le soir du second tour, le RN est défait, l’honneur est sauf. Et puis chacun retrouve ensuite sa maison : la droite compose son groupe autonome à la région, la gauche aussi. Tout le monde a des élus.

Ça a l'air fou dit comme ça, mais à en croire un négociateur, le sujet est sur la table en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. C’est moins clair dans les Hauts-de-France, où Xavier Bertrand assure qu’il présentera la même liste aux deux tours. Deux mots à retenir : "accord technique."

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