De la difficulté à mesurer le vote Rassemblement national
Marine Le Pen est-elle la candidate la plus dangereuse pour Emmanuel Macron ? Autour du président, les avis divergent.
Il est paradoxal d’entendre des membres du premier cercle présidentiel craindre un score important du RN aux régionales, dans six mois, et d’entendre les mêmes dire qu’ils ne sentent pas pour autant d’envie de Marine Le Pen.
"Je pense que son temps est passé", glisse un ministre en privé, quand tel autre note qu’en l’absence d’opposition structurée, "elle reste l’alternative à cette majorité en termes d’équilibre politique." "Oui mais dans ce système solide, Emmanuel Macron reste plus costaud", insiste un troisième.
"Elle s'est normalisée"
"Beaucoup de choses soutiennent le vote populiste, mais Marine Le Pen ne me fait pas peur parce qu’elle s’est normalisée", explique le même, qui juge que la députée du Pas-de-Calais n’incarne plus la colère latente. Pour étayer leur propos, des proches du président se réfèrent aux municipales de juin, où il n’y a pas eu de vague bleu marine.
Le prochain scrutin, les régionales donc, doit permettre d’affiner l’analyse. À ce jour, plusieurs ministres redoutent que le RN remporte une région au moins - la Bourgogne Franche-Comté. Et plusieurs parient qu’ailleurs, le contexte sanitaire - pas de meetings, pas de tracts - avantagera les sortants. Ensuite, ce sera la présidentielle.
Et là, ce qui revient beaucoup dans la majorité, c’est que la "tentation de tout envoyer valser" peut faire émerger "une personnalité qui épouse avec charisme le discours populiste, un peu à la Donald Trump en 2016." Pour un ministre, ça peut être "un avocat, un médecin, un restaurateur, quelqu’un de la société civile qui incarne ceux qui ont souffert du Covid."
"Elle n'a plus de peps"
Officiellement, ce profil "plus-populiste-tu-meurs" n'inquiète pas Marine Le Pen. L’entourage de la candidate veut croire qu’elle dispose d’un socle électoral robuste. Les 7,6 millions de voix au premier tour de la présidentielle de 2017, devenus 10,6 millions au second.
Ce discours ne reflète pas pour autant ce qui se raconte dans les fédérations. En local, plusieurs élus confient préparer déjà l’étape d’après, l’après-Marine Le Pen. "Elle est fatiguée", "elle n’a plus de peps"”, "elle a complètement abandonné le parti", se lamentent des cadres. "Ce n’est pas la même ambiance qu’il y a cinq ans, il n’y a plus la même effervescence", reconnaît même, du bout des lèvres, un membre du bureau national, l'organe de direction du Rassemblement national.
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