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Crise du Covid-19 : Agnès Buzyn assure "avoir prévenu" mais que "tout le monde s'en foutait", des macronistes estiment qu'elle "crache dans la soupe"

Mise en examen pour sa gestion de la crise du Covid-19, l'ancienne ministre de la Santé a tenu un "journal de bord" où elle raconte le début de l'épidémie. La publication d'extraits de ce journal agace beaucoup de soutiens du chef de l'Etat, même si certains se montrent plus indulgents. 

Article rédigé par franceinfo
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Agnès Buzyn et Emmanuel Macron en septembre 2021. L'ancienne ministre de la Santé est alors envoyée du directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les affaires multilatérales. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le Monde a publié mardi 25 octobre des extraits d’un journal de bord tenu par Agnès Buzyn pendant la crise du Covid. L’ancienne ministre de la Santé y règle ses comptes avec Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Et cela n’a pas plu du tout à l’exécutif. "On m’a fait passer pour une idiote qui n’a rien vu, mais c’est l’inverse !" enrage Agnès Buzyn. qui affirme avoir alerté Emmanuel Macron dès le 11 janvier 2020, avant même l’apparition des premiers cas, puis s’être montrée très insistante : "Tout le monde s’en foutait" dit-elle crûment.

Les soutiens du chef de l’Etat regrettent un procès un peu trop facile à faire après coup. "Elle crache dans la soupe, c’est indécent" s’emporte un macroniste, pour qui Agnès Buzyn a "toujours été soutenue""Elle devrait remercier Macron qui l’a même recasée" s’agace un député en référence à sa nomination comme conseillère maître à la Cour des comptes depuis le 1er septembre.

Agnès Buzyn estime qu’Emmanuel Macron a minimisé, n'a pas pris conscience tout de suite de la gravité de la situation, notamment en Chine. La une de l’actualité était rythmée à l’époque par la réforme des retraites et par des grèves. "Personne ne savait rien à l’avance" se rappelle-t-on en haut lieu. C’est bien simple : parmi les plus ou moins proches du président que j’ai interrogé, aucun ne remet en question l’action, le timing et les décisions d’Emmanuel Macron.

"Une femme crucifiée"

D’où une forme d’indulgence, aussi, à l’égard d’Agnès Buzyn. Certains regrettent un acharnement, contre "une femme crucifiée par l’opinion publique, devenue bouc-émissaire" selon un de ceux qui a travaillé avec elle. Agnès Buzyn affirme être devenue l’"ennemie publique numéro 1". Mais cette indulgence s’explique aussi par cette "judiciarisation des décisions politiques" qui fait très peur à toute la Macronie. "Pour le moindre fait, vous pouvez vous retrouver devant la justice" résume, penaud, un ministre. A ce jour, Agnès Buzyn est la seule ministre ou ex-ministre mise en examen pour sa gestion de la crise.

Autre souvenir douloureux : son départ du gouvernement. "Je n’aurai jamais dû partir" estime-elle. Mais Agnès Buzyn explique avoir cédé devant l’insistance – presque le harcèlement – du président de la République lui-même pour qu’elle se porte candidate aux municipales à Paris. "Vous croyez vraiment qu’on lui a mis un fusil dans le dos ?" balaye un élu, engagé dans la campagne. L’épisode fait figure de cicatrice, épisode très traumatisant, débuté par l’affaire Benjamin Griveaux. puis tournant au fiasco.

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