Carburant : la majorité présidentielle pense que la crise sociale ne va pas s'installer
Carburant, grèves, retraites, budget... la période est délicate pour l’exécutif. Pourtant la majorité présidentielle ne croit pas à une crise politique. Le brief politique de Jean-Rémi Baudot.
Il y a au sommet de l’État l’idée que la crise sociale qui couve ne prendra pas. Comme Emmanuel Macron hier soir, les ministres répètent que le dossier Total est avant tout un conflit privé dans lequel l’État ne doit pas s’immiscer. La macronie pense ainsi que les Français se retourneront contre les grévistes plutôt que contre l’exécutif.
L’opinion publique semble suivre. Le dernier sondage Elabe publié hier soir montre effectivement un faible soutien de la part des Français. Un soutien d’ailleurs bien inférieur à d’autres mouvements sociaux ces dernières années. C’est ce qui fait dire au sein du gouvernement que la "Marche contre la vie chère" prévue dimanche 16 octobre par les Insoumis ne fera pas le plein.
La majorité se rassure aussi en observant les dernières dynamiques politiques. Un chiffre : 71,7 %. C'est le score du ministre Jean-Noël Barrot dimanche 9 octobre au second tour d’une législative partielle. Face à la Nupes, le député des Yvelines a gagné sept points par rapport à juin. Un beau score mais dans une circonscription acquise. Difficile dès lors d’en tirer une conclusion nationale.
Elisabeth Borne "maîtrise le dialogue social", mais pour quel résultat ?
La majorité pense avoir une autre botte secrète à Matignon. Pour beaucoup, la Première ministre serait la mieux placée pour gérer les retraites et le carburant : "S’il y en a une qui maîtrise le dialogue social, c’est bien elle", confie un directeur de cabinet. "Cela la rend dingue qu’un mauvais dialogue social puisse bloquer le pays", souffle son entourage, hantise de l’époque où elle était la patronne de la RATP. Et son cabinet de détailler le rôle qu’elle a eu en coulisses ces derniers jours : appels répétés à Patrick Pouyanné, le patron de Total, samedi, lundi, mardi… "Elle met la pression", précise son équipe.
Qu’importe si le résultat ne se voit pas dans les stations-services pour le moment. Qu’importe s’il a fallu lancer des réquisitions. Politiquement, Elisabeth Borne est à la manœuvre. Est-ce suffisant ? Pas sûr. Un ministre s’alarme : "Il va falloir piloter un peu plus, et incarner aussi". En coulisses, d’autres raillent une communication trop personnelle et trop peu de résultats. On verra dans les prochains jours si l’optimisme et le volontarisme suffisent à sortir de la crise politique du moment.
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