Un Nobel de la Paix pour diriger le Bangladesh en crise
Il est âgé de 84 ans. Son visage ne nous est pas inconnu en Europe. Il était venu à Paris en 2017 pour soutenir la candidature de la capitale aux Jeux olympiques. Il s’en était d’ailleurs expliqué sur franceinfo : une défense au nom de l’humanisme et l’entente entre les peuples qui l’a toujours animé et guidé. Le bangladais Mohammed Yunus s'était fait un principe de se tenir à distance de la politique dans son pays, mais il estime aujourd’hui nécessaire de monter au créneau et prendre sa part active dans la gestion des affaires après la fuite de la première ministre Sheikh Hasina sous la pression de la rue. Il appelle à des élections libres.
Parcours
Docteur en économie, diplômé aux Etats-Unis, Mohammed Yunus a créé une banque de microfinance. Baptisée "Grameen Bank", ce qui veut dire "banque des villages". Cette structure construite sur le système coopératif, propose des microcrédits, des prêts à très faible taux d’intérêt, qui permettent aux personnes concernées de développer leur activité avec une garantie publique. Le système a fait des émules dans les pays en voie de développement et a permis à des dizaines de millions de bénéficiaires, essentiellement des femmes, de sortir de la pauvreté.
Popularité
Son aura est très forte auprès des étudiants à l’origine des manifestations et de la fuite de la première ministre contestée en marge de répressions sanglantes. Popularité d’autant plus forte qu’il s’était attiré les foudres de la cheffe du gouvernement en fuite. Condamné à la prison par le tribunal de Dacca pour avoir enfreint le droit du travail – une condamnation jugée politique –, Mohammed Yunus a fait appel.
L’homme à abattre est devenu l’homme providentiel au Bangladesh
Mohamed Yunus va prendre en main les rênes d’un pays né en 1971 de sa séparation avec le Pakistan. Avec son industrie textile très développée qui fait polémique, car au service des riches pays occidentaux à des conditions sociales exécrables, le Bangladesh connaît une croissance économique de 6% par an. Le pays a même dépassé l’Inde en termes de revenu par habitant. Un Bangladesh aujourd’hui rongé par une crise sociale et politique inédite dont l’issue est incertaine.
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