Railcoop : le projet de liaison ferroviaire coopérative entre Lyon et Bordeaux déraille

C’est l’histoire d’un déraillement économique, celle d’une liaison ferroviaire entre Lyon et Bordeaux qui se voulait coopérative et qui ne verra pas le jour, faute d’argent.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'inauguration du service fret Railcoop, le 15 novembre 2021. (J?R?MIE FULLERINGER / MAXPPP)

Il s’agit du projet de la société Railcoop. Idée simple : remplacer la liaison entre Lyon et Bordeaux, fermée en 2012 par la SNCF et l’État car non rentable. Une liaison transversale entre deux villes situées de part et d’autre de la France, pour un trajet de 6h30, en passant par Roanne, Montluçon, Guéret, Limoge et Périgueux. Quelque 15 000 personnes, toutes sociétaires de la coopérative, accompagnées par des collectivités territoriales, s’étaient mobilisées pour financer le projet sur leurs deniers personnels. Les huit millions et demi d’euros réunis n’auront pas suffi à faire rouler le premier train. L’avenir de la coopérative est désormais entre les mains des juges du tribunal de commerce de Cahors qui doivent se prononcer lundi 15 avril. La liquidation semble inéluctable.

Pas viable sans subventions

Les problèmes viennent essentiellement du modèle économique : un service ferroviaire librement organisé, sans deniers publics, ni subventions. Un projet possible sur le plan pratique car c'est celui utilisé par les groupes privés concurrents de la SNCF, l’espagnol Renfe ou l’italien Transitalia, mais dont les reins financiers sont beaucoup plus solides. Pour une coopérative, il est impossible de vivre uniquement sur la vente aléatoire de billets d’une clientèle incertaine et irrégulière, sans recevoir de subventions de l’État – donc de l’argent public servant d’amortisseur – pour compenser les pertes, comme c’est le cas pour la SNCF.

À force de convictions, Railcoop a réussi à persuader la SNCF de rouvrir la ligne. Mais il fallait honorer les péages, financer le rachat de matériel d'occasion et l'entretenir. Une première tentative a eu lieu, sur le même modèle économique, mais avec une ligne de fret ferroviaire entre Toulouse (Haute-Garonne) et Figeac (Lot). Bilan : plus de quatre millions d’euros de pertes.

Pourquoi le projet de transports passagers entre Lyon et Bordeaux capote lui aussi ? Par nature, le modèle coopératif exclut les financiers traditionnels, les soutiens capitalistiques nécessaires dans ce genre d’aventure. L’apport et le soutien des sociétaires de la coopérative n’ont pas suffi à convaincre les banques d’accorder les prêts à un projet dont la rentabilité était trop aléatoire. Un projet victime d’une approche trop militante, qui aurait pu fonctionner, mais en s’ouvrant à un soutien financier classique.

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