Pourquoi 2022 a-t-elle été une année "historique" pour les restaurants indépendants ?
Les mots sont parfois grandiloquents et pompeux, mais, cette fois, parler d'année historique prend tout son sens. Pour la première fois en effet, trois indicateurs progressent en même temps pour les restaurants indépendants : le chiffre d’affaires, le prix moyen de la facture client et le temps passé à table. Ces données, compilées par la société d’études spécialisée Gira, concernent les établissements indépendants, c’est-à-dire les restaurants et brasseries en nom propre, les cantines, les boulangeries et autres commerces de bouche de proximité…
Bref, tout ce qui est consommation alimentaire hors-domicile, en-dehors des grandes chaînes de restauration. Les établissements indépendants ont vu leur chiffre d’affaires augmenter de 14% l’année dernière par rapport à 2019, avant la pandémie, pour un total de 114 milliards d’euros. Le ticket moyen de consommation a, lui, progressé de 5%, hors inflation, un peu plus de dépenses donc. L’effet rattrapage post-Covid a joué l’an dernier.
Encore des difficultés
Pour ce qui est des grandes chaînes de restauration, la situation est contrastée. L’activité de certains réseaux est en repli de 30%. Il s’agit pour la plupart de marques qui n’ont pas jugé utile de se remettre en question, n’ont pas repensé leur offre. Le consommateur n’étant pas dupe s’est dit qu’il subissait la hausse des prix sans nouveauté pour les justifier et a donc changé de crémerie. Les restaurateurs indépendants – plus agiles et plus habiles – ont su, par une offre revisitée, reconquérir la clientèle perdue et en gagner une nouvelle.
Beaucoup de restaurateurs indépendants n’ont pas retrouvé le niveau d’avant-crise. Dans certaines zones, le télétravail qui devient commun plusieurs jours par semaine pèse sur le chiffre d’affaires quotidien. Des établissements font moins de couverts le midi et certains restaurateurs perdent jusqu’à 40% de leur chiffre d’affaires. Et puis, le secteur a vu aussi le nombre d’établissements augmenter entre 2019 et l’année dernière (+6% sur trois ans). Selon la société d’études Gira, le marché devient saturé, ce qui pourrait paradoxalement se traduire par une remontée des défaillances au cours des deux prochaines années. Donc reprise de l’activité, mais prudence et savoir se réinventer.
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