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L’opérateur français de satellites Eutelsat s'apprête à fusionner avec le britannique OneWeb

Eutelsat annonce mardi 26 juillet avoir signé un protocole d'accord avec son concurrent. Les discussions vont se poursuivre mais l’objectif de cette fusion stratégique est de créer un géant européen capable de rivaliser avec les grands opérateurs américains.

Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La plaque Eutelsat sur la façade de ses bureaux à Paris. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Les concurrents sont bien identifiés. Il y a le patron d’Amazon, Jeff Bezos, et sa volonté de déployer d’ici 2029 une constellation de quelque 3 300 mini-satellites en orbite basse, c’est-à-dire à quelques centaines de kilomètres d'altitude seulement contre 36 000 km pour l'orbite géostationnaire. L’autre grand rival, c’est Starlink qui dépend de SpaceX, propriété du milliardaire américain Elon Musk. Le patron-fondateur de Tesla a déjà 2 000 satellites en orbite et compte monter jusqu’à 42 000 unités.

La connectivité 5G via des satellites en orbite terrestre basse permet d’offrir l’internet rapide dans des lieux reculés, des zones géographiques extrêmes. Avoir accès au web en pleine mer, en montagne, dans les airs ou partout ailleurs dans le monde relève désormais du possible grâce à ces nouvelles constellations. On peut s'interroger sur l’utilité de disposer d’internet au fin fond du désert : énergivore et écologiquement contestable, diront certains. Le fait est que ces réseaux servent aussi pour la télémédecine et de solution de secours aux systèmes terrestres en cas de panne ou de catastrophes majeures. D’où l’enjeu économique et stratégique.

Enjeu : la souveraineté technologique européenne

Si tout se déroule comme prévu, l'opération aboutirait au milieu de l'année prochaine et valoriserait OneWeb à près de 3,5 milliards d'euros. Concrètement, la fusion se ferait par échange d'actions. Eutelsat est déjà actionnaire de OneWeb et pour convaincre les autres actionnaires de participer à l’opération, le français propose de reprendre les actions du britannique avec une plus-value de deux euros par titre pour créer un géant à parité. Le siège du nouveau groupe serait basé à Paris et les dirigeants opérationnels seraient français.

Paris et Londres veulent jouer à égalité mais le gouvernement  britannique entend obtenir des droits spéciaux. Les discussions sont serrées avec le conglomérat indien Barthi, qui reste un gros actionnaire de OneWeb après l'avoir sauvé de la faillite pendant la crise du Covid. Bref, une opération franco-britannique post-Brexit sur fond de souveraineté technologique européenne. On a vu plus simple, mais sur le papier cela reste positif pour l'industrie spatiale européenne.

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