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Le brief éco. Macron-Merkel, l’harmonie fiscale

Emmanuel Macron se rend à Berlin, mardi 19 juin, pour une rencontre au sommet avec Angela Merkel. Outre la question des migrants, on s’attend à ce que le président de la République et la chancelière allemande se mettent d’accord sur la question de l’harmonisation fiscale.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron et Angela Merkel, le 8 juin 2018. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Le sujet de l’harmonisation fiscale en Europe est un véritable serpent de mer. Trouver une fiscalité commune, à défaut d’une politique de défense commune, d’une politique sociale commune ou tout simplement une vision politique commune de l’Europe. L’enjeu, c'est l’impôt sur les sociétés, un impôt hyperconcurrentiel. L’idée est de répartir une base fiscale entre les pays européens, ce à quoi se sont toujours opposés les petits États qui ont fait de la fiscalité, justement, un critère d’attractivité de leur économie. Il s'agit de mettre un terme à la concurrence fiscale au sein de l’Europe, là où les Etats-Unis ont réglé le problème depuis longtemps.

Peut-on réellement y parvenir ?

Paris et Berlin sont sur le point de trouver une solution commune. Le conseil des ministres franco-allemand des Finances, aujourd’hui, serait l’occasion d’annoncer un accord sur le projet d’assiette commune de l’impôt sur les sociétés. Le ministre français de l’Économie, Bruno le Maire, a préparé le terrain avec son homologue allemand lors de plusieurs réunions récentes, dont une, il y a deux semaines, qui a duré quatorze heures d’affilées à Bercy, un week-end. Paris entend bien sauver le crédit d’impôt recherche, ce dispositif en faveur de l'innovation, qui fonctionne bien. 

Véritable avancée  

Si Paris et Berlin se mettaient d’accord aujourd’hui, il s’agirait d’une véritable avancée. D’abord, cela montrerait une consolidation de l’axe Paris-Berlin, notamment pour prouver concrètement au président américain, Donald Trump, que l’Europe existe bien et qu’elle ne reste pas les bras croisés face à la guerre commerciale et industrielle qu’il a décidé de mener contre le Vieux Continent. Cela constituerait également un début de réponse et une ébauche de solution pour traiter la question de la fiscalité des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon Microsoft).

De manière générale, un accord sur le plan fiscal aujourd’hui, entre Paris et Berlin, serait une première grande avancée de réforme de la zone euro. Une réforme nécessaire et urgente, qui doit se produire aujourd’hui et non demain. La guerre commerciale déclenchée par les États-Unis de Trump offre à l’Europe une occasion unique de réagir et de s’imposer d’un seul bloc. C’est la dernière chance pour l'Union de prouver sa force et son utilité, face notamment à la montée des populismes. Si nous ratons le coche, beaucoup, à Bruxelles, prédisent une explosion certaine de la zone euro.

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