Le brief éco. Le ras-le-bol fiscal des Français
Comment l’injustice fiscale est-elle vécue par les Français ? C’est la question à laquelle l’OFCE a tenté de répondre dans sa toute dernière étude. Une sorte de radiographie du ras-le-bol fiscal dans notre pays, riche en enseignements mais aussi quelque peu prémonitoire.
Une enquête de l'OFCE auprès d’un échantillon de 2 900 personnes mesure l’exaspération des Français vis-à-vis de l’impôt prend tout son sens aujourd’hui. Lancée un an avant le début du mouvement des "gilets jaunes", on constate qu’elle portait déjà les germes de cette crise. De cette étude, il ressort notamment que le lieu d’habitation est déterminant dans ce sentiment d’injustice fiscale. Plus on vit loin des grandes villes, plus on considère que l’impôt sur le revenu, ou la CSG, sont injustes. Et la tendance est encore plus forte en zone rurale. On retrouve là cette France périphérique des "gilets jaunes", qui paie ses impôts mais qui se sent abandonnée par les services publics.
L’influence du niveau de revenu est assez surprenant
On pourrait penser que plus on gagne de l’argent, moins on accepte d’être taxé. Eh bien c’est l’inverse : l’étude montre que l’acceptation augmente avec le revenu ; 68% des foyers gagnant entre 2 000 et 4 000 euros par mois estiment que l’impôt sur le revenu est juste, et cela passe à 79% pour les revenus supérieurs à 4 000 euros mensuels. Quant au niveau d’étude, il fait lui aussi toute la différence, car les diplômés adhèrent davantage à l’idée d’être imposés. La proportion augmente d’ailleurs avec le niveau atteint, ce qui fait dire aux auteurs que l’impôt est d’autant mieux accepté qu’il est compris. Mais tous les prélèvements ne sont pas perçus de la même façon par les Français. S’ils sont 70% à estimer que l’impôt sur le revenu est juste, la TVA les divise davantage, là c’est presque du 50/50.
L’âge joue dans l’exaspération fiscale
Surtout auprès des plus jeunes, puisqu’un tiers d’entre eux trouvent que l’impôt sur le revenu est injuste. Les plus de 60 ans, eux, sont très largement dans l’acceptation, à plus de 80%, même si la CSG leur reste en travers de la gorge.
Cela peu s’expliquer par le fait que passé cet âge, la plupart d’entre eux sont propriétaires, ils ont terminé de rembourser leurs crédits, et sont davantage disposés à financer la collectivité. Globalement, cette étude de l’OFCE montre que 88% des personnes interrogées trouvent que la France est un pays où l’on paye trop d’impôts et de charges. Ce n’est pas qu’une vue de l’esprit puisque ces prélèvements obligatoires représentent 48% de notre PIB, ce qui fait de la France la championne d’Europe de la fiscalité.
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