Le brief éco. L’alerte de la filière bois sur le chêne français contre "la mondialisation sans foi ni loi"
Les professionnels du bois lancent un cri d’alarme. Ils voudraient que le chêne français soit davantage transformé sur notre territoire au lieu d’être exporté comme matière brute. Il en va de l’avenir de toute une filière économique.
Aujourd’hui, un label "Transformation Union Européenne" donne aux acheteurs un accès privilégié aux chênes lors des ventes organisées par l’Office national des forêts (gestionnaire des forêts publiques), à condition qu’ils s’engagent à transformer la matière au sein même de l’Union européenne. La Fédération nationale du bois (FNB) voudrait que ce label soit étendu aux forêts privées : les grandes entreprises qui ont du patrimoine forestier, les banques, les compagnies d’assurance, et la Caisse des dépôts qui gère près de 300 000 hectares de bois en France.
Privilégier les bénéfices français
Le président de la FNB, Philippe Siat, estime que la richesse que représente la forêt devrait bénéficier avant tout à la France, plutôt qu’à des pays comme la Chine, qui achète cette matière première et nous la renvoie par cargos et containers entiers, transformée en meubles ou en cuisines préfabriquées. Pourquoi ne pas privilégier les circuits courts ? Sans parler de la menace persistante sur les scieries françaises dont le nombre diminue d’année en année. Il en reste à peine plus de 1 700 aujourd’hui.
Une filière en perte de compétitivité
La forêt française s’étend sur 16 millions d’hectares. C’est la quatrième d’Europe, mais elle est très morcelée. Près de 4 millions de propriétaires privés se la partagent, entre 70 et 80%, et elle perd en compétitivité. Paradoxalement, elle souffre de sa diversité. Composée de quelque 130 espèces, la forêt française est une véritable richesse environnementale mais elle coûte cher à entretenir. Il y a bien les motivations écologiques qui poussent un peu plus qu’avant à la construction de maisons en résineux (12% du bâti aujourd’hui contre 5% dans les années 2000). Malgré cela, la filière est à la peine. Il faut s'avoir qu'en Allemagne, le secteur emploie 900 000 personnes contre à peine 400 000 en France.
L'urgence : endiguer l'hémorragie
Pour y parvenir, peut-être faudrait-il obtenir une meilleure reconnaissance de la part des pouvoirs publics afin de rendre le secteur plus dynamique. L'exemple de la Scandinavie est aussi à étudier. Les groupes de la filière bois y sont cotés en bourse, mais il est vrai que les entreprises y sont d’une autre taille. Comme le déclare le président de la Fédération nationale du bois, face aux exportations de nos forêts : "On ne peut plus considérer que l’espace rural soit un supermarché pour une mondialisation sans foi ni loi".
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