Le brief éco. La nouvelle économie rattrapée par la vraie vie
Les chauffeurs Uber manifestent dans la rue depuis jeudi, à Paris. Ils veulent devenir de vrais salariés. La plateforme d’économie collaborative Heetch est devant les tribunaux, Airbnb interdite dans plusieurs grandes villes, la nouvelle économie est rattrapée par la vraie vie du monde du travail et son cortège d’obligations.
Les chauffeurs Uber manifestent depuis jeudi 15 décembre dans les rues de Paris pour devenir de vrais salariés. La plateforme d’économie collaborative Heetch est devant les tribunaux, Airbnb est interdite dans plusieurs grandes villes comme Berlin. La nouvelle économie est rattrapée par la vraie vie du monde du travail et son cortège d’obligations. Le modèle pourtant vanté par certains politiques comme un modèle d’avenir, est pointé du doigt.
Un modèle qui montre ses limites
Les chauffeurs Uber, ce sont les nouveaux Spartacus, esclaves en révolte de l'ubérisation du monde du travail. Ils travaillent près de 70h par semaine, à leur compte, sans pouvoir en vivre, sans couverture sociale et parfois moins qu’un SMIC par mois tandis qu’avec les commissions récupérées par la plateforme en ligne sur chaque course, Uber affiche une santé florissante. Les chauffeurs Uber n'en peuvent plus. Autre histoire de la même veine qui se déroule en ce moment : le procès de l'économie collaborative et de ses c’est à dire Heetch, le VTC des night clubbers devant les tribunaux. Echanges de services ou machine à fric qui se glisse dans les trous de la législation. Les réquisitions sont sévères, les dirigeants peuvent se voir interdire de gérer une entreprise pendant deux ans. L’affaire rejoint celles des interdictions d'Airbnb à Berlin et New-York. Sans parler de l’interdiction d’Uber pop. Des pans de cette nouvelle économie, de l'ubérisation du travail, sont en ce moment en accusation.
L'Etat et les professionnels étaient jusqu'ici démunis
Ils le sont encore. Jusqu'ici le consommateur y trouvait son compte mais il y avait beaucoup de perdants et de concurrence déloyale: taxis, hôtels, coursiers, artisans aussi, mais aussi un manque à gagner pour les caisses de la sécu, l’assurance chômage ou les impôts. Pour les salaries ou les auto-entrepreneurs eux, auxquels ce type de travail évite le chômage ou consolide des revenus insuffisants, c’est la précarité absolue. L'Etat, censé fixer un cadre à ce nouveau monde du travail, est aux abonnés absents. Certains de nos politiques vont même jusqu’à voir dans ces modèles l’avenir de notre économie. Etre soi-même son propre patron serait la panacée. Et on pourrait le croire quand on voit que Hoopwork, la plateforme qui met en contact 35 000 freelanceurs et 18 000 entreprises, vient de lever sans aucun mal la somme de 5 milliards d’euros.
La voie de l'encadrement montrée par la Belgique
La Belgique vient d'imposer une limite de 5 000 euros par an pour ce type de gains, tous revenus confondus, avec qu'un prélèvement à la source de 10% pour les caisses publiques. Mais elle ne cible que les particuliers pas les plateformes. C’est une piste, il y en a sûrement d'autres. Car si ces innovations ouvrent bel et bien des nouveaux horizons, il ne faut pas perdre de vue qu'elles sapent aussi notre modèle social, celui de 1945, fondé sur la solidarité et la sécurité. Un modèle social sur lequel il ne faut sans doute pas s’arcbouter coûte que coûte mais sans doute pas décider non plus de l’envoyer aux orties. Y réfléchir serait déjà un progrès. Toutes les lois El Khomri de la Terre ne suffiront pas à répondre à ces changements irréversibles du monde du travail. A nos candidats à la présidentielle d'activer leurs neurones et d’innover.
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