Le brief éco. L'économie de la drogue, nouvel ingrédient dans le calcul du PIB de la France
L’Insee confirme le nouveau mode comptable, au risque de choquer ou de susciter bien des interrogations : les revenus de la drogue vont être pris en compte dans le calcul du PIB de la France.
L’Institut national de la statistique a tranché après plusieurs années de débat. Le marché de la drogue devient un nouvel ingrédient entrant dans le calcul du PIB et de la croissance économique française. L’idée n’est pas nouvelle et la mesure est déjà appliquée dans les autres pays européens. Cette décision de la France répond à une demande de l’Europe, précisément d’Eurostat, l’office européen des statistiques.
Le PIB (produit intérieur brut) sert à calculer la richesse produite par un pays sur une année. C’est ce qui indique la croissance économique de chaque pays. L’objectif d’Eurostat, qui a lancé le processus en 2013, était d’harmoniser les données fournies par les pays européens pour calculer la croissance globale.
Aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, la drogue "dope" déjà le PIB
La consommation de stupéfiants est légale dans certains Etats comme les Pays-Bas. Cela y est pris en compte comme un commerce à part entière. Du coup, Amsterdam affiche une croissance "dopée" par rapport à ses voisins. Si tout le monde est mis à niveau, les différences s’estompent.
Eurostat demande aussi d’inclure les revenus de la prostitution. Mais contrairement à d’autres pays comme la Grande-Bretagne, la France a refusé, au motif que le caractère librement consenti n’est pas vérifié chez les prostituées, notamment dans le cas de l’organisation en réseaux.
La drogue permettrait de gonfler la croissance. Pour ce qui est de la Grande-Bretagne, qui prend tout en compte dans les marchés parallèles, les revenus de la prostitution et de la drogue pèsent quelque 12 milliards de livres sterling (près de 14 milliards d’euros), soit 1% du PIB britannique. Dans le cas de la France, l’Insee parle d’un gain possible de deux milliards d’euros, soit 0,1% de notre PIB, ce qui n'est pas négligeable.
Les statisticiens reconnaissent qu’il est difficile de calculer précisément ce que l’on appelle l’économie informelle. Des outils existent mais ils sont loin d’être suffisants pour percer l’opacité. Il faudrait plus de moyens. Il est beaucoup plus facile de calculer le coût social et sanitaire de ces marchés parallèles, moins les revenus.
Quoi qu’il en soit, rendez-vous avec la publication des chiffres de croissance du mois de mai qui incluront le nouveau mode de calcul. La hausse du PIB est assurée.
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