Le brief éco. Iran : va-t-on vers un choc pétrolier ?
Quel peut être l’impact du dossier iranien sur le marché pétrolier ? La République islamique est l’un des principaux producteurs mondiaux de brut et les derniers développements ne font qu’accentuer la pression sur un marché déjà très tendu.
Donald Trump a annoncé mardi 8 mai dans la soirée le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien avec un retour de toutes les sanctions. Alors que la République islamique est l’un des principaux producteurs mondiaux de pétrole brut, ces développements ne font qu’accentuer la pression sur un marché déjà très tendu. Cette affaire vient s’ajouter à un contexte géopolitique international compliqué. Il y a aussi les tensions politiques au Venezuela, autre grand pays producteur de pétrole. En à peine deux ans, les prix du pétrole ont presque doublé passant de 40 dollars le baril à plus de 70 dollars. Mercredi 9 mai matin, le baril de brut s’inscrivait à 76 dollars.
Les risques réels
L’annonce de Donald Trump ouvre une nouvelle période d’incertitude. Rien de pire pour déstabiliser les marchés. Mais selon l’économiste Patrick Artus, Trump aurait beau frapper les exportations de pétrole iranien, Téhéran ne baisserait pas pour autant sa production. Pour deux raisons au moins : aujourd’hui, la République islamique produit son or noir sans les compagnies pétrolières étrangères. Elle ne dépend de personne. Et même si le pays est membre de l'Opep, les exportations iraniennes de brut sont très régionales. L’Iran ne vend son pétrole ni aux États-Unis, ni à l’Europe.
Vers un choc pétrolier ?
L’aléa géopolitique créé par le cas iranien est finalement peut-être moins grave que l’évolution de la demande mondiale de pétrole en tant que telle. Un chiffre pour recadrer le sujet : la production mondiale de pétrole se situe aujourd’hui aux alentours de 100 millions de barils par jour. La production de pétrole iranienne est d’un million de barils/jour. Si demain le robinet iranien venait à être fermé, on perdrait 1% de la production mondiale. Mais cela ne se ferait pas du jour au lendemain. C’est donc sur une anticipation que les opérateurs réagissent aujourd’hui.
Le monde est loin d’être désintoxiqué du pétrole
Quant au choc pétrolier, c’est plutôt la demande mondiale d’or noir qui nous y mène. Le monde est loin d’être désintoxiqué du pétrole. Les pays émergents, la Chine, font tourner leur industrie chimique à plein régime pour produire notamment des produits plastiques. Bien plus que tout ce que les experts anticipaient. Là est le vrai danger qui expliquerait un nouveau choc pétrolier et ses conséquences, Iran ou pas : hausse des prix, baisse de la consommation et impact direct sur la croissance. On évoque beaucoup la reprise économique en ce moment. Autant dire que rien n’est réellement gagné à l’heure où nous parlons.
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