Le brief éco. Fusion mondiale dans la bière : une pinte à 92 milliards d'euros

Le prix de la cession à 92 milliards d'euros aurait pu être nettement supérieur. Le belgo-néerlandais, numéro un mondial de la bière AB Inbev, connu pour ses marques Stella Artois et Budweiser, avait accepté de mettre sur la table 112 milliards d’euros pour acheter le numéro deux du secteur, le britannique SABMiller, qui détient Peroni et Pilsner. Mais le référendum sur le Brexit est passé par là. La perspective de la sortie européenne du Royaume-Uni a entraîné une dévaluation de la livre sterling. Il a fallu refaire tous les calculs. Sauf surprise, la fusion prendra corps le 10 octobre prochain

Les contours d'un nouveau groupe

A eux deux, AB Inbev et SABMiller brassent près de 60 milliards de litres de bière par an, soit trois fois plus que l’actuel numéro trois, le néerlandais Heineken. Le groupe SAB Miller est un géant implanté dans les pays émergents, véritable cible commerciale. Les grands brasseurs sont aujourd’hui à la recherche de nouveaux relais de croissance car le marché de la bière industrielle progresse lentement, à 1%, alors que les bières artisanales affichent une hausse de 10% par an. En plus, il s'agit de rechercher des économies en mutualisant certains services communs. La fusion devrait entraîner la suppression de 5.500 emplois en trois ans.

Un secteur aux enjeux colossaux

Le secteur agro-alimentaire est l’un des plus porteurs aujourd’hui, surtout dans les zones où la population augmente rapidement. C’est le cas de l’Afrique. On pourrait dire qu’Afrique et alcool ne font pas bon ménage en raison de la religion musulmane. Mais c'est erroné. Dans sa partie sub-saharienne qui est la plus peuplée, l’Afrique est à majorité chrétienne. Cela n’a pas échappé aux forces de ventes. L'Afrique est également la porte ouverte vers l'Asie.

Les affaires au-delà de l'alcool

Dans l’absolu, la logique du rapprochement va plus loin. Le principal actionnaire de SAB Miller est le tabatier Altria, anciennement Philip Morris, multinationale américaine et propriétaire notamment de Marlboro.  Tabac et alcool, c'est un cocktail bien senti mais surtout explosif à bien des égards, ce qui ne gêne en rien ces multinationales. Il y a là de quoi alimenter largement les discours sur le côté obscur des grandes forces capitalistes mondialisées.