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Le brief éco. Festival de Cannes : le business du cinéma français est prolifique mais peu rentable

Le cinéma français est prolifique mais malgré de récents succès, la part des films hexagonaux dans le marché est aujourd’hui de 39% contre 45% dans les années 1980.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Penelope Cruz, aux côtés d'Asghar Farhadi (à gauche), de l'acteur espagnol Javier Bardem et de l'acteur argentin Ricardo Darin le 8 mai 2018. (LAURENT EMMANUEL / AFP)

Chaque année, outre ses strass et paillettes, le Festival international du film de Cannes, dévoile des films et des records. L’an dernier, 300 films ont été produits en France, soit 6% de plus par rapport à 2016. Sur ces 300 films, 222 étaient de production strictement tricolore, pour un investissement global d'un 1,3 milliard d’euros, selon le CNC (Centre National de la Cinématographie).

Prolifique mais peu rentable

Produire beaucoup ne veut pas dire produire des films rentables : le cinéma français est prolifique, mais lorsque l’on gratte un peu, le tableau est moins rose. Malgré les succès récents de Les Tuche 3 et La Ch’tite Famille (déjà plus de 5,5 millions d'entrées chacun), et Taxi 5 (environ trois millions), la part des films français dans le marché est aujourd’hui de 39% contre 45% dans les années 1980. Pourquoi cette déperdition ? Trop de films tuent le film. Non seulement la filière cinématographique française n’est pas rentable, mais elle est déficitaire : sur un milliard d’euros investis dans les coûts de production, on compte 400 millions de pertes.

Les investisseurs sur la Croisette

À Cannes, on ne croise pas que des acteurs. S’y retrouvent aussi de nombreux investisseurs. Plusieurs centaines de fonds d’investissements sont présents chaque année sur la Croisette, mais l’argent investi souffre de l’éparpillement des productions. La multiplication des films a pour conséquence directe un appauvrissement de leur durée de vie. On est à ce titre de plus en plus étonné de la rapidité à laquelle un film disparaît de l’affiche. Le cinéma français vit grâce à de nombreuses subventions. Tout le monde est mis à contribution : opérateurs téléphoniques, fournisseurs d’accès à internet, chaînes de télévision. Ces dernières ont investi l'an dernier plus de 360 millions d'euros dans les films agréés par le CNC.

La vidéo à la demande change la donne

Les services de vidéo à la demande changent de plus en plus la donne. La diffusion de films en flux sur internet avec Netflix, le meilleur exemple. Le groupe américain n'est pas à Cannes cette année faute de projection de ses productions en salle. Le comble étant que le dernier film de Martin Scorcese, Irishman, présent à Cannes 2018, a été financé par Netflix. Nous voyons donc la porosité du système. Ces plateformes internet sont-elles des concurrentes directes ou des compléments à intégrer dans le business du cinéma ? Enfin, dernier enjeu de taille, et peut-être le plus intéressant : le digital, qui permet de faire du numérique non plus une menace, mais une chance pour la création. C’est tout l’enjeu des politiques culturelles de demain.

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