Le brief éco. Espagne : l’inquiétude grandissante des entreprises en Catalogne
Depuis une semaine un certain nombre d’entreprises ont annoncé quitter la Catalogne. Le monde économique de la péninsule se mobilise.
Les entreprises basées en Catalogne sont "très inquiètes". Les mots sont du président de la Confédération des entreprises espagnoles, l’équivalent du Medef en France. Le monde économique de la péninsule se mobilise. Depuis une semaine un certain nombre d’entreprises ont fui la région catalane. Plusieurs banques, des start-up, le groupe autoroutier Abertis (auquel appartient la Sanef en France) entendent délocaliser leurs sièges sociaux. Madrid leur offre des avantages fiscaux s'ils souhaitent quitter la région. En réalité, très peu de Catalans pro-indépendance sont pour une sortie de l’Europe. Ils savent que quitter l’UE reviendrait à se tirer une balle dans le pied.
La Catalogne est, de loin, la première région exportatrice d’Espagne. Elle assure le quart des ventes espagnoles à l’export, concentre la moitié de toute la production chimique de l’Espagne. La génétique, la biologie, les neurosciences pèsent environ 10% de son PIB. Quitter l'Europe serait suicidaire sur le plan économique. Barcelone se priverait d’un marché potentiel de 500 millions d’habitants, donc de consommateurs, obligée de se replier sur un marché intérieur de quelque sept millions de consommateurs. Chute de la croissance et hausse du chômage seraient assurés, alors que la dette catalane s’élève à 80 milliards d’euros (35% de sa richesse nationale).
Une "révolte des riches"
Le scénario du pire sera probablement évité mais le malaise est sérieux. La configuration catalane n’est pas unique. Il faudra suivre le 22 octobre prochain le référendum en Italie pour l’autonomie de la Lombardie et de la Vénétie. Toutes deux réclameront une plus grande autonomie sur le plan fiscal. C'est en quelque sorte la "révolte des riches", les régions qui, par leur dynamisme économique, contribuent à la richesse de l'ensemble du pays, voudraient avoir un juste retour des choses et ne pas payer pour les régions moins dynamiques.
Souvenons-nous de la célèbre phrase "I want my money back" (Je veux qu'on me rende mon argent) prononcée par Margaret Thatcher, Premier ministre britannique en 1979, estimant que le budget européen de l'époque était défavorable au Royaume-Uni. Aujourd'hui, la riche Catalogne, en Espagne ; la riche Italie du Nord contre l’Italie du Sud. En période de guerre, les régions se serrent les coudes. À quoi bon le faire en période de paix qui autorise les largesses budgétaires, indépendamment des revendications strictement politiques. C'est clairement aujourd'hui la remise en question des Etats-Nations. Il est loin le temps où les écossais réclamaient l’indépendance pour pouvoir porter le kilt.
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