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Le brief éco. Biodiesel : la FNSEA part en guerre contre Total

Le groupe pétrolier français est autorisé par l'État à exploiter une bio-raffinerie à La Mède (Bouches-du-Rhône), fonctionnant à l'huile de palme. Ce qui déplaît fortement au principal syndicat agricole.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, le 29 mars 2018. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

La FNSEA appelle au blocage des raffineries dans toute la France à partir du 10 juin. Le syndicat agricole proteste contre la hausse des importations d’huile de palme utilisée dans la raffinerie Total de La Mède (Bouches du Rhône). La FNSEA parle de "distorsion de concurrence déloyale".

Il y a trois ans, Total décide de reconvertir la raffinerie de La Mède (à côté de Marignane) pour sauver le site en difficultés dans un contexte de surcapacité de raffinage pétrolier en Europe. L'objectif est double : produire le biodiesel et sauver quelque 450 emplois. Total a investi dans le projet près de 300 millions d’euros et le gouvernement a récemment donné son autorisation, à condition que le groupe réduise l’utilisation d’huile de palme dont la production entraîne une déforestation massive de certaines régions d’Asie. Ce que Total a fait en réduisant de 450 000 à 300 000 tonnes par an le volume d’huile de palme qu’il prévoit d’importer.

Le dossier prend une tournure politique 

C’est un dossier empoisonné de plus pour Nicolas Hulot. Le ministre de la Transition écologique affirme qu’il n’a pas décidé de gaieté de cœur d’autoriser la bioraffinerie Total à rouvrir, mais il y avait les emplois dans la balance. Quant à la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, dans les colonnes du quotidien L'Union de Reims, elle dénonce une attitude incohérente du gouvernement.

Que représente le biodiesel en France ?

Nous consommons trois millions de tonnes de biodiesel par an. La moitié est produite en France, sur des ressources françaises, à base de colza et de tournesol notamment. Le reste est importé, ou produit dans l’hexagone mais sur des ressources venant de l’étranger (dont l’huile de palme). La France n’est pas autosuffisante pour répondre à la consommation, et le biodiesel est un business précieux, et juteux, pour certains groupes comme Avril, installé depuis plus de 20 ans, fondé par les producteurs d’oléagineux que défend la FNSEA.

Christiane Lambert agit-elle habillement ?

Annoncer le blocage des raffineries pour le 10 juin donne du temps aux autorités pour s’organiser. Mais c'est vrai que l'on sort du débat sur la loi agriculture au Parlement, on est en pleine réforme de la politique agricole commune à Bruxelles, et puis il y a le dossier du glyphosate, rejeté par l’opinion, mais que défend la FNSEA au nom des grands céréaliers. Tous ces dossiers s’entrecroisent finalement et Total semble se prendre une balle perdue dans une guerre qui lui échappe. Il y a fort à parier que le patron du groupe pétrolier, Patrick Pouyanné, réponde à Christiane Lambert lors de l’Assemblée générale du groupe qui se tient vendredi 1er juin à Paris.

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